“J’essaye de ne pas me laisser aller” . Quand on est devenu une sensation planétaire avec un clip -“Come”- vu plus de 38 millions de fois, on peut avoir quelques raisons de perdre la boule. Ce n’est pas le cas de Jain.
Cette chanson qui tourne en boucle aujourd’hui, la Toulousaine de 24 ans l’a composée il y a sept ans, quand elle habitait au Congo-Brazzaville. C’est là, à Pointe-Noire, qu’elle se lance sérieusement dans la musique. Entourée d’amis rappeurs et de la musique africaine (Youssou N’Dour, Salif Keita ou Oumou Sangaré) que sa mère franco-malgache écoutait, elle fait la connaissance du beatmaker Flash, chez qui elle allait enregistrer ses maquettes après l’école.
Elle monte une page MySpace qui tape dans l’oeil de son manager actuel Cyril Le Tallec. Il la met en contact avec le chanteur Yodelice qui tombe aussi sous son charme. À 22 ans, elle assure ses premières parties et celle de Christine and the Queens.
Dans sa musique, elle se joue des cultures et des styles. C’est le reflet de qui elle est. Fille d’expatrié – son père travaillait dans une compagnie pétrolière -, elle s’est nourrie de ces voyages successifs. Outre le Congo, elle a vécu à Abu Dhabi et Dubaï. Sur le chemin, après deux ans de batterie à Pau, elle apprend les percussions arabes.
Ses voyages ont inspiré son premier CD, sorti en novembre 2015. Il s’intitule “Zanaka”, ce qui signifie “enfance” en malgache. C’est ce CD certifié disque d’or en février qui lui vaudra sa première nomination (et sans doute pas la dernière) aux Victoires de la musique dans la catégorie « Album révélation » . “La sensation de déracinement m’a donné l’envie d’écrire. En bougeant d’un pays à l’autre, je n’arrivais pas à m’exprimer en parlant. Je préférais chanter” , dit-elle.
Globe-trotteuse enfant, elle continue à voyager adulte. Jain vient de faire son premier concert à Los Angeles. “On m’avait dit que le public n’était pas très dansant. Mais là, il a dansé !” plaisante-t-elle. Elle doit à présent se mesurer à New York. L’artiste sera le 12 octobre à Brooklyn et le 13 au Mercury Lounge. “Je suis impatiente. J’ai beaucoup écouté de blues et de soul, Nina Simone, Janice Joplin, le hip hop…” répond-elle quand on lui demande si elle inscrirait les Etats-Unis sur sa longue liste d’influences musicales. On devrait la retrouver en mars 2017 à South by South West (SxSW).
Qu’on se rassure, elle a encore beaucoup de chansons écrites dans son sac. “Je n’ai pas la peur de la page blanche, dit-elle. On dit que le deuxième album est le plus compliqué, mais j’ai encore beaucoup de compositions en attente. J’aurai plus de pression pour le troisième si j’ai la chance d’en faire un” .