Amoureux des Etats-Unis tout en étant fortement opposé à la guerre en Irak: la presse américaine revient sur les relations entre Jacques Chirac et l’Amérique.
Le New York Times rappelle, comme d’autres journaux, que l’ancien président français, décédé jeudi 26 septembre à l’âge de 86 ans, a effectué un programme d’été à Harvard en 1953 et a travaillé pour un restaurant Howard Johnson à Boston, “commençant comme plongeur et s’élevant jusqu’au poste d’homme de comptoir“, rappelle le quotidien. Il a aussi travaillé comme opérateur de chariots-élévateurs pour le producteur de bières Anheuser-Busch à Saint-Louis (Missouri) et s’est fiancé avec une Américaine qui l’appelait “honey pie”, raconte le site Bloomberg. Cette histoire aussi courte que passionnée a pris fin quand le père de sa promise lui aurait écrit “une lettre colérique lui disant, en gros, d’aller voir ailleurs. De là, M. Chirac est allé en Californie et en Louisiane, écrivant un long texte sur le port de la Nouvelle-Orléans“, poursuit le New York Times.
Cependant, le quotidien note qu’il avait des “rapports ambivalents” avec les Etats-Unis. “Une fois élu président, M. Chirac a déclaré vouloir réintégrer le commandement militaire de l’OTAN” après le retrait voulu par son idole, le général de Gaulle. Mais “dix ans plus tard, dans un discours devant les Nations-Unies, son ministre des affaires étrangères a annoncé que la France ne rejoindrait pas la coalition emmenée par les Etats-Unis pour attaquer l’Irak et il a dénoncé le recours à la force“. “Il ne se considérait pas comme anti-Américain. Il était plutôt le défenseur de la France et de l’Europe, croyant dans un monde multi-polaire“, résume la station de radio NPR.
Comme tous les médias américains, le New York Daily News revient aussi sur son opposition à la guerre en Irak de 2003, qui a donné lieu aux Etats-Unis à un sentiment anti-français qui s’est cristallisé dans l’épisode des “Freedom Fries”. Pour le journal, il était un “opposant à la guerre en Irak mais aussi un fan de culture et de nourriture américaine“. “Il préférait fumer des Winstons que les Gauloises, et un de ses collèges a dit à People Magazine qu’il insistait pour avoir un burger dans un fast-food quand il visitait les Etats-Unis“.
La colère contre la France dans certaines parties de la population américaine s’est poursuivie bien après qu’il fut établi que Saddam Hussein ne possédait pas d’armes de destruction massive. “L’hostilité américaine a secoué les Français, mais Chirac a maintenu ses positions aux Nations-Unies“, explique la chaine CBS. “Comme vétéran de la guerre d’Algérie, Chirac avait prédit que l’occupation américaine se retrouverait dans un bourbier sanglant similaire aux difficultés françaises qui ont débouché sur l’indépendance de l’Algérie“, analyse le LA Times.
Pour Bloomberg, cette opposition n’est pas surprenante de la part d’un homme politique qui a souvent été rebelle. “Le président, qui a commencé sa carrière sous Charles de Gaulle dans les années 60, s’est construit une réputation de défiance à l’image de son mentor, d’abord contre ses propres patrons et plus tard contre les Etats-Unis“.
Le Washington Post rappelle pour sa part que Jacques Chirac, un président “flamboyant“, fut “le premier leader étranger à se rendre aux Etats-Unis après les attentats du 11-Septembre. Il a visité Ground Zero pour rencontrer des pompiers de New York et a, plus tard, envoyé les troupes françaises en Afghanistan dans le cadre des opérations militaires dirigées par les Etats-Unis“.
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