Parmi les six millions d’habitants du grand Houston, ils sont quelques milliers de Français à vivre, comme tous les autres, dans l’angoisse des eaux qui montent.
Si aucun Français “n’est en danger et n’a été placé dans un refuge” assure Sajiro Seam, le Consul Général de France à Houston, nombre d’entre eux se trouvent dans une situation précaire. Claire Plessis, la directrice de Houston Accueil, affirme qu’il est “trop tôt pour connaître le nombre d’habitants français concernés par les inondations.”
Sophie Bernado-Courtin qui réside à Montrose, à l’Ouest de Houston – l’une des régions les plus touchées avec le Sud de la ville et où réside une grande partie de la communauté française – n’a pu quitter son domicile depuis quatre jours. “La pression morale devient éprouvante et la situation ne s’améliore pas, confie la Française. Si le gros de la tempête a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi et qu’il n’y a plus de vent, la pluie redouble depuis hier. Personne n’avait anticipé que ça durerait aussi longtemps et, plus cela passe, plus nous sommes inquiets.”
Voyant que la pluie ne s’arrêtait pas, Anne-Marie de Sausset a quant à elle pris la décision de quitter son logement, situé dans le quartier Bellaire au Sud-Ouest de Houston. “Notre maison date de 1955 mais n’a jamais été inondée car elle se situe sur une petite butte. Mais dimanche, malgré les sacs de graviers et de vêtements enroulés, l’eau est montée jusqu’à la porte, décrit-elle. J’ai donc mis toutes mes affaires de valeur dans le grenier, je suis sortie dans la rue et j’ai arrêté un homme qui se déplaçait en kayak pour qu’il nous emmène, ma fille mes deux chiens et moi, vers la maison d’un ami qui nous héberge dans le centre-ville.” Tractée par un pick-up plongé dans l’eau à hauteur des phares, la famille à bord du kayak a mis près de trois heures pour rallier sa destination, située à 1,5 km.
Selon la Française, les bateaux de sauvetages de l’armée qui circulent dans tous les quartiers étant réservés en priorité aux personnes dans l’incapacité de marcher ou se trouvant dans une condition médicale précise, la prise en charge n’est pas immédiate. “De ce fait, tout le monde se montre très solidaire, précise-t-elle. On a un instinct de survie, on ne veut pas prendre de risque et chacun est prêt à s’entraider.”
Lina Corinth, qui habite Houston depuis plus 35 ans parle d’une situation “très éprouvante” et “jamais vue auparavant”. Un constat partagé par le NWS (National Weather Service) qui, dans un tweet paru plus tôt dans la journée, mentionne “un événement sans précédent dont les conséquences ne sont pas encore connues mais vont au-delà de tout ce qu’on a pu connaître.”
Les quartiers du Nord-Ouest sont d’autant plus menacés qu’ils sont équipés de grands réservoirs d’eau que les inondations saturent peu à peu. “Ici, il est donc impossible de circuler, assure Sophie Bernado-Courtin. Les autorités ont été obligées de libérer de l’eau pour éviter que les digues de barrage ne cèdent.”
La plupart des écoles, administrations et entreprises de la ville ont été fermées. D’après, Sophie Bernardo-Courtin, deux supermarchés de son quartier ont rouvert l’espace de quelques heures, mais l’affluence était telle qu’il lui a été impossible d’y accéder.
Les Heights, situés au Nord-Est de Houston font partie de “l’une des rares zones épargnées par Harvey” selon Émilie Duval, une Française qui habite le quartier. Celui-ci “a justement été construit après un ouragan très important survenu en 1910.” “L’eau est montée dans les rues mais s’est évacuée assez rapidement, précise-t-elle. Plusieurs supermarchés et pharmacies ont ainsi pu rester ouverts et les routes sont praticables à vélo et en voiture.”
“Cela fait douze ans que je vis au Texas et par expérience de précédentes tempêtes, je sais que les ouragans sont imprévisibles et qu’il suffit de dix minutes pour qu’une forte montée des eaux vous bloque entre deux rues, prévient-elle. Même si l’on se trouve dans une zone épargnée, il faut tout de même rester vigilant.”
Le relais d’informations et la solidarité locale sont ainsi assurés par le Consulat Général de France à Houston en amont des services officiels, “actuellement débordés“, selon Sujiro Seam. “Grâce à la présence de nos chefs d’îlots dans les différents quartiers, nous apportons de l’aide à tous les Français qui n’ont plus d’électricité, nécessitent du matériel ou un hébergement”, assure le Consul. “Il s’agit d’une cellule de crise virtuelle, par téléphone et sur les réseaux sociaux puisque très peu de personnes peuvent se déplacer dans la ville.”
Si Harvey n’est pas sans rappeler le ravage de la tempête Katrina, qui avait causé plus de 1.800 morts dans la Nouvelle-Orléans en 2005, Sujiro Seam se dit “favorablement frappé de voir que le bilan n’atteint pas ce seuil pour le moment” et incite les habitants à la plus grande prudence et au respect des consignes données par les autorités américaines.
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La solidarité est un devoir civique et il est réconfortant de constater que les autorités françaises sur place la pratiquent. Je pense que nous tous, simples particuliers, devons aussi faire preuve de civisme et aider nos concitoyens français. Mais notre solidarité doit aussi se manifester bien au-delà, à l’égard de tous ceux frappés par ce désastre, quels qu’ils soient. Je viens de voir le reportage que ma fille Aviva, envoyée spéciale à Houston de la RTS, la télévision suisse romande, vient de mettre en ligne sur le site de la RTS: de très nombreux habitants de divers lieux du Texas viennent en voiture remorquant leur bateau pour tenter d’aider au mieux de leurs moyens les sinistrés et participer à leur sauvetage, sans se préoccuper de leur couleur, de leur nationalité, de leurs origines, de leur religion, et sans demander s’ils sont migrants légaux ou pas. Le sens civique des Américains se manifeste toujours dans ces périodes de catastrophe nationale, bravo pour nos amis américains. Je suis très fier d’être bi-national,