Recherche de la foi et quête d’espérance au coeur d’un monastère polonais. “Les Innocentes”, film d’Anne Fontaine, sort aux Etats-Unis (à commencer par New York et Los Angeles le 1er juillet). Ce drame historique franco-polonais, co-écrit avec le scénariste français Pascal Bonitzer, est tiré d’une histoire vraie, celle du viol collectif de vingt-cinq religieuses par des soldats russes en 1945.
A l’époque, la Pologne se remet progressivement des blessures encore vives de la guerre. Mathilde Beaulieu, fille de communistes et docteure française en mission pour la Croix-Rouge, porte secours aux Français touchés par le drame. Une jeune religieuse polonaise partie chercher de l’aide fait appel à la jeune femme. Dans un couvent excentré, elle constate avec stupeur et désarroi l’atrocité du crime de l’Armée Rouge. Sept religieuses sont enceintes, certaines sur le point d’accoucher. Après l’acte barbare, est-il encore possible pour elles de croire ?
“Ma rencontre avec Philippe Maynial, neveu de la résistante Madeleine Pauliac (dont est inspiré le personnage de Mathilde Beaulieu), m’a poussé à réaliser ce film. J’ai été frappée par se qu’il s’est passé dans ce couvent et par ses soeurs. Je me suis naturellement laissée porter par le sujet”, explique la réalisatrice.
Son inspiration, elle l’a en partie puisée dans le journal de bord que tenait la femme-médecin, mais également dans deux retraites dans des couvents de Bénédictines. “C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que la foi était un sentiment fragile et peu stable. Cela m’a beaucoup aidé à anticiper et comprendre la situation”.
Les thématiques abordées dans “Les Innocentes” sont difficiles et complexes. Lou de Laâge joue avec brio le rôle de Mathilde Beaulieu. “Je l’ai remarquée dans le film Respire de Mélanie Laurent. Elle a beaucoup de charisme, de la constance et du mystère dans son regard, confie la réalisatrice. Les actrices polonaises ont quant à elles livré une prestation exceptionnelle et ont su transmettre de grandes émotions. Ce sont des actrices brillantes, même s’il a fallu que je m’acclimate à la langue. Le film étant à 30% en polonais”.
Entre l’amitié qui lie la nonne Maria – interprétée par l’actrice polonaise Agata Buzek – et Mathilde Beaulieu, Anne Fontaine apporte une touche de fantaisie dans son scénario avec le personnage de Samuel, incarné par Vincent Macaigne. Ce médecin juif, supérieur de Mathilde Beaulieu, s’adonne à un jeu de séduction. Ils sont à la fois amants, complices et collègues. “Je voulais intégrer une part d’humour à ce film. Vincent Macaigne est un acteur familier. Il joue un personnage plein d’auto-dérision, non-conventionnel et sympathique. Il s’agit d’un duo complémentaire très intéressant pour lui comme pour elle”.
Anne Fontaine est une réalisatrice éclectique, jonglant sur plusieurs registres: la comédie “Mon pire cauchemar”, le biopic “Coco avant Chanel” ou encore le drame “Comment j’ai tué mon père”. Elle prépare en ce moment un film sur l’histoire d’un jeune garçon qui souffre de harcèlement scolaire, tiré du roman français autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule. “Je choisis les sujets d’une façon très intuitive et inconsciente. J’aime être déroutée et l’envie de découvrir de nouvelles thématiques me stimule. Mon prochain film portera sur l’ambiguïté sexuelle”.