Entrer dans l’incubateur Techstars, c’est un peu comme être admis à Harvard. Non seulement vous gagnez le respect de vos pairs, mais vous faites partie d’un petit club qui vous suivra toute votre vie.
« En termes de réseau, c’est incroyable. Nous avons tout de suite été en relation avec les meilleurs mentors, les meilleurs partenaires, les meilleurs investisseurs. Cela nous aide à prendre les bonnes décisions », affirme Baptiste Fradin, dont la start-up, Infinit, fait partie de la promo du printemps 2014 de Techstars New York. Une institution considérée, avec Y Combinator, comme le meilleur incubateur des Etats-Unis. Le taux d’admission, gardé secret, serait de moins de 1%, avec des candidatures issues du monde entier.
Depuis le mois de mars, Baptiste Fradin, 29 ans, son co-fondateur Julien Quintard, 30 ans, et leurs six employés ont donc emménagé dans les bureaux de cet incubateur convoité à New York. Et les bonnes nouvelles se suivent : la start-up a annoncé, mercredi, une levée de fonds de 1,8 million de dollars.
Pour gagner son droit d’entrée, Infinit a séduit le jury avec son application, simple et grand public. Lancée en version beta fin 2013 (pour Mac, gratuite), elle permet de transférer des documents volumineux d’un ordinateur à un autre sans stockage intermédiaire sur un serveur, en peer-to-peer. « Nous sommes les seuls à le faire. L’avantage, c’est que c’est très rapide, plus que Dropbox ou WeTransfer. Et c’est aussi plus sûr. Nous ne stockons aucune donnée », affirme Baptiste Fradin. Il suffit de télécharger un petit logiciel, et d’y déposer ses fichiers, sans passer par sa boite e-mail. Le récipiendaire n’a pas besoin d’avoir installé Infinit pour télécharger les documents.
La technologie a été mise au point par Julien Quintard, le geek de la bande. Après des études à l’Epita puis à Jussieu, il a soutenu sa thèse en informatique à l’université de Cambridge, sur le thème du peer-to-peer. “Infinit, c’est l’application directe de ma thèse”, raconte le jeune homme, ami d’enfance de Baptiste Fradin. Les deux camarades ont grandi ensemble à Bressuire, dans les Deux-Sèvres. “A l’époque, j’étais très branché rugby, et je chantais dans un groupe de métal”, sourit Baptiste Fradin, jeune père de famille sérieux.
Aujourd’hui, la petite équipe d’Infinit travaille sur le lancement de la version Windows, et profite à fond de son expérience new-yorkaise dans ce tremplin de première classe. « A la fin de notre incubation, cet été, le reste de l’équipe va rentrer à Paris. Mais avec Julien, nous pensons rester aux Etats-Unis pour continuer le développement commercial », affirme Baptiste Fradin. Qui croise les doigt pour que sa start-up suive le même parcours ascensionnel que les autres “anciens” de Techstars.