C’est dans le quartier de Pacific Palisades que se trouvait, depuis plus de 60 ans, l’un des campus du Lycée Français de Los Angeles. Les incendies l’ont ravagé. Dans une ambiance de scène de guerre, la présidente de l’établissement, Clara-Lisa Kabbaz, fille des fondateurs, et le Consul général de France, Adrien Frier, s’y sont retrouvés, samedi 11 janvier, pour découvrir ensemble l’ampleur des dégâts.
« Je suis bouleversée. J’essaie de garder le sourire devant les enfants et même les adultes. Maintenant que le choc est passé, ce ne sont finalement que des murs, des portes et des bicyclettes et les enfants sont tous sains et saufs. Le plus dur est de voir ces familles ayant perdu tous leurs souvenirs d’enfance, expliquait Clara-Lisa Kabbaz à French Morning. Mes plus beaux souvenirs sont ici, mes deux enfants ont été scolarisés dans cette école. Mes parents ont fondé cette école en 1964 et ont adoré cet endroit tout de suite. J’ai recroisé hier et aujourd’hui des élèves que j’ai vu grandir ici, et qui ont tous passé d’excellents moments. L’ambiance ressemble à un club. Les éléves étaient tous fiers d’être passés par ce campus. »
Le campus de Pacific Palisades, qui réunit normalement une cinquantaine d’élèves, comptait mardi 7 janvier matin, au moment de l’alerte des premiers incendies, 11 élèves présents. « Il a fallu prévenir les familles en urgence. J’ai insisté dix fois pour que l’on vérifie tous les coins, histoire d’être sûr de n’oublier personne. Seuls les professeurs présents ont pu ramener les enfants », poursuit Clara-Lisa Kabbaz. Ils sont, depuis mercredi, transférés sur le campus de Century City, sur Pico Blvd – le campus principal se situe sur Overland Ave.
S’il est encore trop tôt pour parler de reconstruction, Clara-Lisa Kabbaz reconnaît avoir reçu rapidement l’appel des assurances. « Ils m’ont expliqué tout en large. Mais je vous avoue ne pas être inquiète pour l’argent. J’ai confiance en mon assureur et sur la garantie de son travail. Ce qui compte est que les enfants restent ensemble. Nous leur avons trouvé deux salles dédiées. Les livres et les cahiers que les enfants laissent généralement à l’école ont tous péri et ont été tous immédiatement recommandés. Nous avons aussi commandé les matelas. » Enfin, tous les enseignants, dont une ayant également perdu sa maison, ont pu retrouver un poste au sein de nos campus.
Le Consul Adrien Frier confessait, lui, « son état de choc » après la découverte de l’ampleur des dégâts. « Ce campus est un lieu important pour la communauté française. Cela ajoute à notre détresse. Une détresse compensée par l’absence de victime française, ce qui constitue notre priorité. »
Si le nombre de Français touchés par les incendies reste difficile à comptabiliser, Adrien Frier estime à environ 1200 à 1500 personnes affectées. « Un chiffre qui masque des réalités différentes, de ceux ayant reçu l’ordre d’évacuer aux 31 familles qui ont vu leur maison brûler. 70 cas nécessitent un suivi particulier de notre part. Nous avons passé des centaines de coups de fil. Nous les assistons, les écoutons et nous accueillons en urgence ceux qui n’ont plus de papier d’identité. Le Consulat joue aussi un rôle dans la coordination des opérations solidaires, et notamment sur la question du logement – nous avons négocié des tarifs à 50% dans les hôtels du groupe Hilton même si l’hébergement solidaire fonctionne très bien ici -, la scolarisation des enfants, et mettons à disposition nos spécialistes pour les accompagner auprès de leurs assureurs en veillant que leurs droits soient bien défendus et respectés. »
Le Consulat général de France de Los Angeles met également à disposition un numéro de téléphone d’urgence, le (310) 625-9713, relayé sur leur différentes plateformes et réseaux sociaux, et s’assure du respect des ordres d’évacuation. « Si vous recevez une alerte, préparez-vous, même si c’est un fake ou une erreur ! ».
Alexis Chenu avec Agnès Charenton