L’investiture présidentielle aux États-Unis est bien plus qu’une simple passation de pouvoir. C’est un événement solennel, entouré de rituels, de symboles et d’histoires marquantes. La deuxième investiture de Donald Trump, le lundi 20 janvier prochain, tombe le jour de Martin Luther King Day. Cette journée devrait inclure ces cinq traditions.
« En raison des moyens de communication et de transports de l’époque, les premières investitures ont eu lieu le 4 mars, afin de laisser aux informations le temps de parvenir aux élus et de permettre à ces derniers de rejoindre le Congrès », souligne le professeur d’histoire américaine de l’Association historique de la Maison Blanche Matthew Costello, expliquant pourquoi George Washington a prêté serment à New York, la capitale des États-Unis d’alors, puis les autres présidents au Capitole à Washington où se trouvent les deux chambres du Congrès.
Il rappelle que « le vingtième amendement à la Constitution de 1933 a modifié les dates du mandat du président du 4 mars au 20 janvier » afin de réduire le temps de transition entre l’élection et la prise de fonction (pour en savoir plus, lire notre article Pourquoi la passation de pouvoir est-elle si longue à la Maison Blanche ?). Lorsqu’elle tombe un dimanche, le serment est prêté en privé le 20 janvier et une cérémonie publique est organisée le lendemain, « comme pour la seconde investiture de Barack Obama en 2013 qui a prêté serment à la Maison Blanche », rappelle l’historien.
Le point central de l’investiture est le serment prêté par le président élu. Ce serment est inscrit dans la Constitution des États-Unis depuis l’investiture de George Washington en 1789. Tous les présidents, sans exception, doivent réciter les 35 mots suivants pour prendre officiellement leur fonction : « I do solemnly swear (or affirm) that I will faithfully execute the Office of President of the United States, and will to the best of my ability, preserve, protect and defend the Constitution of the United States. » Le serment est traditionnellement prononcé devant le Juge en chef de la Cour suprême (depuis 2005, c’est John Roberts nommé par GW Bush), « avec une main posée le plus souvent sur une Bible », souligne Matthew Costello.
Certaines investitures ont été marquées par des incidents insolites. L’historien indique qu’en 2009 « le serment de Barack Obama a été légèrement mal récité par le Chief Justice John Roberts, ce qui a conduit à une répétition du serment le lendemain, pour éviter toute contestation juridique ».
Depuis les premières investitures, des citoyens se rassemblent pour assister à cet instant historique. Mais la présence du public à grande échelle remonte à l’investiture d’Andrew Jackson en 1829, un président très populaire parmi les classes ouvrières. Il avait invité le public à se joindre à la cérémonie, rompant avec les traditions plus élitistes de ses prédécesseurs. Des milliers de personnes avaient envahi les jardins de la Maison Blanche pour célébrer le moment avec lui, transformant l’investiture en une véritable fête populaire.
Depuis lors, la présence du public est devenue une tradition, et des foules massives se rassemblent sur le National Mall pour assister à la prestation de serment du président. Par exemple, l’investiture de Barack Obama en 2009 a attiré une foule estimée à près de 1,8 million de personnes, un record dans l’histoire des États-Unis. Une pilule dure à avaler pour Donald Trump. En 2017, le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, avait proclamé que le président républicain avait eu le « plus grand public jamais vu lors d’une investiture », même si les chiffres qu’il citait totalisaient moins de 750.000 personnes. Quel sera le nombre cette année ?
Le discours de l’investiture est l’un des moments les plus attendus de la cérémonie. Chaque président profite de cette tribune pour partager sa vision, fixer ses priorités et inspirer la nation. Certains de ces discours ont laissé des traces indélébiles dans l’Histoire.
« En 1961, John F. Kennedy a prononcé l’une des phrases les plus célèbres de l’Histoire : ‘Ask not what your country can do for you — ask what you can do for your country’, un message d’engagement civique qui est resté gravé dans la mémoire collective », rappelle l’historien.
Après le serment et le discours, une parade est organisée à Washington. Cette tradition remonte à 1805, lorsque « Thomas Jefferson a marché de son hôtel jusqu’au Capitole pour prêter serment », souligne Matthew Costello. Chaque président y apporte sa touche personnelle.
En 1865, Abraham Lincoln a été le premier président à inclure des Afro-Américains dans la parade inaugurale. En 1977, Jimmy Carter a surpris tout le monde en décidant de marcher à pied avec sa famille, brisant ainsi la tradition des limousines officielles, une nouveauté qui est resté jusqu’à nos jours.
Pour découvrir davantage sur cette journée chargée d’histoire, Matthew Costello sera en direct sur la page Facebook et Youtube de la White House Historical Association le mardi 14 janvier à 5:30pm. Plus d’info ici.