(Revue de presse) La reprise est là, martèle François Hollande depuis l’été, mais les journalistes américains ne sont pas d’accord: pression fiscale, réformes qui tardent, et chômage important… ils ne sont pas tendre avec l’action du gouvernement.
Le libéral The Economist considère que la promesse de M. Hollande d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année est “extravagante” alors que celui-ci est à son plus haut niveau depuis 16 ans. La création d’impôts, sport national français qui ne cesse d’impressionner les Américains, est aussi montrée du doigt. “Il y a eu pas moins de 84 nouvelles taxes au cours des deux dernières années, en commençant sous le mandat Sarkozy (…) la fiscalité accapare 46% du PIB, un record dans la zone euro.” Mais c’est promis, le gouvernent désire mener une pause fiscale cette année avec des économies de fonctionnement de l’État à la clé et des réformes pour gagner en compétitivité . The Economist ironise:“Dans un pays au tempérament enclin au pessimisme, le changement d’humeur est bienvenu.”
The Economist cite un député socialiste: “M. Hollande semble préférer les réformes minimalistes, celles sans manifestations et blocus. Sa caractéristique est la prudence. Le dernier exemple est sa réforme des retraites, conçue pour économiser 20 milliards € d’ici 2020. Mais elle n’augmente pas l’âge de la retraite.” Et il ne faut rien attendre de mieux, selon le magazine. “D’autres réformes du système de protection sociale tentaculaire du pays sont attendues, notamment le système des allocations chômage généreuses (…). Mais il faut compter avec élections municipales et européennes au printemps prochain. Un sentiment d’urgence et une volonté politique pour apaiser les électeurs mécontents font qu’il est de plus en plus probable que les réformes à venir consisteront non pas en une refonte complète du système , mais en des réformettes.”
Mais CNBC apporte tout de même une petite lueur d’espoir, en revenant sur les propos de Pierre Moscovici selon lesquels les Français payaient assez d’impôts et qu’il fallait trouver des solutions alternatives pour réduire les déficits. La chaine va même jusqu’à se demander si le ministre de l’économie est toujours socialiste.” Quand un socialiste n’est-il plus un socialiste? Peut-être quand il prône la réduction des dépenses publiques plutôt que d’augmenter les impôts, et dit que les entreprises prospères sont la clef pour stimuler la croissance et créer des emplois.”
Poussée du FN
Pour l’heure, c’est la poussée attendue du FN aux élections municipales et européennes de 2014 qui étonne l’édition américaine de Reuters. “Plus d’un tiers des électeurs français se disent favorable aux idées du parti, dont le programme se concentre sur les préoccupations autour de l’immigration, le rejet de l’Europe et la désillusion envers les politiciens traditionnels”. Pour l’agence de presse, la raison est toute trouvée: les divisions internes à l’UMP, l’impopularité de la gauche, et la dédiabolisation entamée sous Marine Le Pen. “Autrefois célèbre pour ses dérapages racistes et antisémites avec Jean-Marie Le Pen, le parti a travaillé à améliorer son image. (…) Mais malgré un plus grand intérêt des médias à l’égard de Marine, une attitude ouverte, des jeunes partisans à l’aspect propret, le programme du parti reste essentiellement inchangé.”
Xavier Niel, le sauveur
Heureusement, tout n’est pas noir en France. La radio publique NPR s’intéresse à “42”, la nouvelle école d’informatique de Xavier Niel, le fondateur de Free, aujourd’hui milliardaire. Critiquée en France, l‘école est totalement gratuite, les frais de fonctionnement étant pris en charge personnellement par Xavier Niel sur dix ans. Ouverte aux individus de 18 à 30 ans sans condition de diplôme, elle est se distingue aussi par son absence de professeurs. Eleanore Beardsley, la correspondante de la radio a Paris, interroge le directeur de cette école pas comme les autres, Nicolas Sadirac, qui assure que le système universitaire traditionnel en France “peut parfois enchaîner dans des carcans plutôt que d’encourager l’innovation.” “Si nous voulons innover, il faut sortir de ce système”
Pour Xavier Niel, également cité dans le reportage, le problème de la France réside dans la reproduction sociale. “Si vous êtes fils d’ouvrier, vous resterez fils d’ouvrier. Les enfants de l’élite restent dans l’élite“. Quel beau pays!
Credit: Abaca USA/Mousse