Les yeux de Muammer Yilmaz parcourent le menu du restaurant de l’ONU de long en large. “C’est fou d’avoir le choix, dit-il. Et dire qu’il y a eu des jours où le seul but de notre existence, c’était d’avoir une bouteille d’eau (…) Quand tu voyages sans argent, tu ne choisis pas ton café, ni l’endroit où tu vas atterrir.”
Faire le tour du monde en 80 jours et sans argent, c’est le pari fou de l’allemand Milan Bihlmann, 27 ans, et du français Muammer Yilmaz, 38 ans, deux globe-trotteurs au grand coeur. Après avoir traversé quatorze pays et parcouru plus de 30.000 kilomètres, c’est à New York, qu’ils se sont arrêtés, leur dernière étape avant l’Europe. Ils ont profité d’une invitation d’une fonctionnaire des Nations-Unies pour faire le tour de l’institution.
“Optimistic Traveler”, c’est eux. Cette association à but non lucratif est née en 2010 sur le canapé de Milan Bihlmann à Berlin. Le but ? Montrer que les gens peuvent faire preuve de générosité et de bonté, qu’importe les différences sociales, culturelles ou religieuses. “Un mois avant de partir, on a fait un test : aller de Strasbourg à Berlin, sans argent“, explique Milan Bihlmann, qui a fait ses études en commerce international.
Depuis les deux compères ont fait – littéralement – du chemin. De Paris, ils ont traversé une partie de l’Europe de l’est et l’Asie du sud-est, jusqu’à Tokyo où ils ont pris l’avion pour San Francisco avec l’aide de soutiens en France et en Iran. Ils sont ensuite passés par Denver, Chicago et Philadelphie. “On nous a payé des chambres d’hôtel ou dormi chez l’habitant, se souvient Muammer Yilmaz. Aux Etats-Unis, on nous donnait de l’argent – mais cela changeait la nature du projet.”
Difficulté supplémentaire : les deux voyageurs refusent de dormir chez des amis ou la famille. “Pour passer du temps avec les personnes qu’on rencontre, explique Milan Bihlmann. Souvent, on nous demande de rester, de visiter. Mais on fait ce voyage pour ces rencontres, pas pour le tourisme.” Des rencontres qui ont d’ailleurs permis de “casser les préjugés“, une des autres missions de l’association. “En Iran, nous avons découvert une richesse insoupçonnée. Le gouvernement c’est une chose, mais les gens, c’en est une autre“, poursuit-il.
Les “Optimistic Travelers” prévoient d’arriver à Paris le 28 novembre. En février 2015, ils partiront à Haïti comme volontaires pendant un mois. L’argent récolté pour l’association – 13.000$ grâce à une opération de crowdfunding – sera reversé à Haïti Care. “Pendant notre voyage, on nous a tellement donné, conclut Muammer Yilmaz. C’est à notre tour de donner.“
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Hasard du calendrier, ce tour du monde en 80 jours, sans argent en poche mais amplement médiatisé, est précisément le thème de ce roman qui vient tout juste de sortir aux Etats-Unis : http://www.youtube.com/watch?v=B9zNI_9rtQg&list=UUq2LF8WsYc5LmVaGMo7-Orw
Bravo a eux. Good job ! Et maintenant, saluons cette nouvelle initiative visant Haiti.