Quand on est entrepreneur.e, il ne faut pas avoir peur des acrobaties. Julie et Benjamin Thibault-Dury le savent mieux que quiconque. Le couple de Français, installé à New York avec leur enfant, s’apprêtait à signer le bail de leur futur restaurant quand la redoutable Covid-19 les a forcés à faire une croix (pour le moment) sur leur projet.
Un mal pour un bien. Au lieu d’un restaurant, ils ont décidé de lancer, en octobre, une “marketplace” virtuelle qui fait la part belle aux produits et objets locaux: Closiist. “Les plus grosses marketplaces, comme Etsy et Amazon, sont globales. Nous voulions faire quelque chose pour la communauté“, explique Benjamin Thibault-Dury.
Avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, le tandem avait l’intention d’ouvrir un restaurant vegan et local, Croque-en-Sel, fruit de l’expérience de traiteuse de Julie et de son mari Benjamin dans le management. Le projet était très avancé quand la Covid s’est abattue sur New York en mars. Ils avaient repéré un local à Greenpoint en novembre et imaginaient un espace de cinquante places, capable d’héberger une activité de traiteur aussi, avec un bar complet et une cour à l’arrière. “Le landlord était motivé et prêt à faire pas mal de choses pour embellir le local. On avait travaillé avec un architecte pour voir ce qu’on pouvait faire“, précise Benjamin Thibault-Dury. Le couple en était à la négociation des termes du contrat et “sur le point” de signer le bail. “C’était un rêve d’ouvrir un restaurant à New York“, poursuit-il.
Quand ils ont été forcés de se confiner comme le reste de la ville, les deux Français ont pris du recul. “On ne maîtrise pas la pandémie. On était en colère sur le moment, mais nous n’avions pas d’autre choix que d’accepter la situation“. Faute de perspectives, Croque-en-Sel est mis entre parenthèses. Mais en travaillant sur leur projet, le duo a amassé des contacts de fournisseurs de produits alimentaires, d’ustensiles et d’objets en tout genre. “On souhaitait mettre à l’honneur ceux avec lesquels on voulait travailler”, commente le Français. Closiist est né. “Le commerce en ligne explose et va continuer à se développer. Ça a du sens de partir dans cette direction. L’idée n’est pas de faire une marketplace ordinaire. Nous voulons parler des choses qu’on aime, véhiculer des valeurs locales, soutenir des commerces locaux qui ont beaucoup souffert avec cette crise“.
Closiist proposera notamment des confitures, du miel, des objets en bois recyclé, des chapeaux, des jouets et d’autres produits artisanaux, tous fabriqués ou produits dans l’Etat ou la ville de New York. Même si leur projet de restaurant ne restera pas enterré pour l’éternité, Julie et Benjamin Thibault-Dury comptent développer Closiist dans d’autres villes. “On a eu de la chance de ne pas signer le bail. Nous n’aurions pas payé de loyer tout de suite, mais on aurait perdu du temps car nous n’aurions pas été en mesure de faire des travaux dans le local“. La Covid n’a pas que du mauvais.