Alors que l’élection américaine a occupé (et continue d’occuper) les esprits, Igor Darbo espère faire mouche avec sa dystopie politique… Le film “Greatland” est disponible sur la plateforme de streaming d’Amazon Prime depuis le 1er novembre.
Produit par Popcorn & Friends, la société de production du Français basée à Los Angeles, le long-métrage de science-fiction offre une véritable satire où les habitants ne savent ni lire, ni écrire, ont pour enfants des lapins et sont contrôlés par une intelligence artificielle. L’intrigue se déroule autour d’une élection, où ils doivent choisir entre un chat et un chien pour guider leur pays. “Quand “1984” de George Orwell rencontre “Idiocraty” (Mike Judge) avec beaucoup d’humour et de farce”, résume le producteur qui s’est chargé de la logistique, de la recherche des financements et encore de la post-production. La partie artistique, dont l’écriture du scénario, était, elle, réservée à sa femme Dana Ziyasheva. Une véritable entreprise familiale.
Même si le film fait écho aux actualités, traitant d’une élection et d’un virus “venu de la nation du mal”, sa distribution n’a pas été aisée, eu égard de l’épidémie de la Covid-19. “Beaucoup de festivals ont été annulés, comme South by Southwest (Austin, Texas) où on avait prévu la première”, admet le Français. Son film accuse aussi le coup de la fermeture des salles de cinéma, et notamment celles de Los Angeles et New York : “ce n’est donc pas la dynamique espérée”, reconnaît-il. Mais loin de s’apitoyer sur son sort, il a déployé des efforts de marketing en ligne pour toucher un public plus large. “On est finalement moins impacté en tant que petits indépendants, que les blockbusters”, concède-t-il enfin.
“La chance de se réinventer”
“Greatland” est le troisième projet cinématographique du couple, le premier sur le territoire américain. “Après nos expériences en Chine et au Costa Rica, nous voulions toucher un public plus large”, défend Igor Darbo, qui ne minimise pas l’aspect économique : “il est plus simple de trouver des projets en anglais avec une viabilité économique”.
Le cinéma et Igor Darbo, c’est une histoire d’amour récente. Il tombe dans la production par hasard alors qu’il travaille en Chine en 2007-2008. “En tant que consultant, j’étais chargé de coordonner les équipes chinoises et européennes sur des projets dans le domaine des nouvelles technologies ; cela m’a amené à rencontrer des acteurs culturels locaux.” Certains lui proposent alors de coordonner des équipes sino-américaines ou franco-chinoises pour des films, cette fois. Et les offres se multiplient. “C’était une chance de se réinventer”, argue-t-il. “Ce que j’aime dans cette industrie, c’est le mélange entre l’artistique et la logistique, la mise en musique du tout.”
Il a alors le déclic : monter sa société de production avec sa femme, l’âme artistique du couple, une ancienne journaliste qui travaillait alors pour le service de presse du ministère des affaires étrangères du Kazakhstan. La société Popcorn & Friends va connaître son moment de gloire en obtenant en 2012 le prix du “meilleur projet de coproduction international” au 15e Shanghai International Film Festival pour “The Dragon Angel”.
La famille déménage par la suite au Costa Rica, où elle produit “Defenders of Life”, un film sur une tribu autochtone (sa femme est une fois encore à l’écriture du script), disponible sur Amazon Prime. Avant de s’attaquer au marché américain dès 2015. Igor Darbo espère que son long-métrage “Greatland” sera bientôt disponible en France, tablant sur le début 2021. Le film a, en effet, pu être présenté au festival international de Moscou en octobre, et a interpellé les festivals d’Angers et de Lyon.
En parallèle, le Français travaille sur un projet de film historique dans l’hexagone, qui relaterait la “croisade des enfants” en 1212. Mais il ne se limite pas à un seul projet, et planche déjà sur une suite pour “Greatland” qui a attiré l’attention des médias américains.