Pour que son hommage à Miles Davis soit complet, Ibrahim Maalouf se devait d’effectuer une partie de sa tournée au pays du jazz. Le virtuose franco-libanais de la trompette présentera son quatrième album « Wind » à Los Angeles le 10 janvier et à New York les 11 et 14.
Sur scène, il forme un fabuleux quintet avec trois musiciens américains qui comptent parmi les meilleurs de l’univers du jazz new-yorkais: Larry Grenadier (basse), Clarence Penn (batterie) et Mark Turner (saxophone), ainsi que le pianiste allemand Franck Woeste. « L’idée, c’était de recomposer le quintet mythique de Miles Davis avec lequel il avait fait le tour du monde, en essayant de reprendre un peu de son son », explique Ibrahim Maalouf. Cet album, plus personnel que les précédents, comprend également des sonorités orientales, grâce à la célèbre trompette à quarts de ton, inventée par le père d’Ibrahim.
« Ce disque est à la base la bande son d’un long métrage que la Cinémathèque m’a demandé de composer pour un vieux film muet. J’ai choisi La Proie du vent de René Clair (1927). Je me suis en même temps inspiré d’Ascenseur pour l’Echafaud de Louis Malle et de sa musique composée par Miles Davis. Cela faisait très longtemps que j’avais envie d’écrire pour le cinéma !». L’album nous plonge dans différentes atmosphères, tour à tour, mystérieuse, mélancolique, inquiétante et pleine de suspense.
« La musique est plus difficile à effondrer que les tours ».
Sa passion pour le jazz et le 7e art lui vient en partie d’outre-Atlantique. « Comme beaucoup de gens de mon âge, j’ai une fascination pour la culture américaine, son cinéma, son jazz, New York. Quand j’étais petit, j’adorais dessiner les immeubles de Manhattan, sans jamais y être allé. Je rêvais de devenir architecte et m’imaginais en train de reconstruire le Beyrouth (ndlr : où il a vécu enfant), dévasté par la guerre, à la manière de New York ». C’est aussi aux Etats-Unis que sa carrière musicale prend un tournant décisif. « En 2001, j’avais 20 ans et j’hésitais encore entre une carrière d’architecte et de musicien : pour me décider, j’avais prévu d’aller passer un dernier concours de trompette aux USA, puis au retour de visiter New York et ses tours qui me faisaient rêver enfant. Mais les attentats ont bousculé les choses. J’ai réalisé que la musique est plus difficile à effondrer que les tours. Je suis devenu musicien après le 11 septembre».
Quant à Los Angeles, une grande partie de sa famille y est installée. « J’y ai un projet de composition avec un ami contrebassiste. C’est un endroit tellement inspirant. La côte californienne me rappelle le Liban».