Akhenaton, le chanteur du groupe de hip-hop marseillais IAM connaît New York comme sa poche. Le New York dangereux et crasseux, mais authentique des années 80. Et puis la ville d’aujourd’hui dont il éprouve toujours le magnétisme, même s’il se dit « déçu par son européanisation ». Sa famille est d’ici, Brooklyn, Coney Island, mais aussi du Connecticut ou de LA.
Lycéen, et pour le récompenser de ses bons résultats scolaires, sa tante lui offre un voyage aux États-Unis. Los Angeles le déçoit. « Trop proche de la côte méditerranéenne. En moins bien ». Mais coup de foudre pour New York dont il est nourri d’images fantasmées à partir des musiques qu’il écoute, le casque de son Walkman sur la tête. « C’était comme connaître une ville à travers sa bande originale ». On est en 1984.
À partir de cette année, Akhenaton et son groupe formé en 1989 ne cesseront de revenir pour y enregistrer presque tous leurs albums, collaborer avec des artistes comme le rappeur Rakim, ou s’y produire en concert comme ce sera le cas en ce Bastille Day organisé par le Consulat général de France ce dimanche 14 juillet.
La Révolution ? « On sait bien aujourd’hui qu’aucune n’a jamais fonctionné. Celle de 1789 a donné le pouvoir aux bourgeois. » IAM prône la révolution des esprits. Akhenaton se définit comme un patriote, à l’opposé d’un nationaliste. « Le patriotisme, c’est travailler à une nation où les gens sont solidaires, où chacun essaye de trouver des solutions qui conviennent à tout le monde. »
Un monde qui s’est ouvert aux influences, même aux États-Unis. « Dans les années 80, un rappeur qui serait venu du New Jersey n’aurait pas été accepté à New York. Aujourd’hui, un chanteur d’origine nigérienne peut avoir plus de succès qu’un Américain ». Et la francophonie ? « Elle est partout en retrait sur le continent africain. C’est grave, mais la seule chose qu’on puisse faire, c’est porter nos poésies, nos mots, en étant honnête, en disant la vérité. » Pour illustrer ses propos, Akhenaton cite Tam Tam de l’Afrique, un titre dont il qualifie les paroles de « pointues et engagées ». Au programme du Bastille Day ? Comme Magic System (article ici), le groupe n’interprétera que des « gros classiques » pendant leur heure de concert.
Dans le public du Ramsey Playfield, il n’y aura pas que des Français, mais aussi « des copains qui rappaient dans les années 90, des patrons de studio d’enregistrement… Nous y avons gardé des liens artistiques et amicaux très forts. » Et tellement de souvenirs ! « C’est ce qui reste, à la fin, les souvenirs. Les seules choses qui t’appartiennent vraiment. »
Alors même si New York n’est plus « la Mecque du hip-hop, même si on n’y respire plus les mêmes odeurs qu’autrefois, même si Soho n’a plus rien de populaire, IAM reste le groupe marseillais de New York », s’amuse Akhenaton. Pas le temps cette année, de « vivre en coloc avec les autres membres du groupe, comme quand on enregistrait nos albums ». Pas le temps de se balader en famille en refaisant l’histoire de la ville. Le programme de l’été est trop chargé pour offrir cette liberté. Mais toujours autant de plaisir et d’émotions. « Toutes les fois où je suis là, je pense à mon père qui aurait voulu me voir chanter à Central Park. »
Bastille Day à SummerStage avec le Consulat général de France, dimanche 14 juillet, Rumsey Playfield (entrée à la 72e rue sur la 5e avenue), entre 5pm et 10pm. Entrée gratuite.