Re-décorer son intérieur à partir de son téléphone, c’est ce que permet Hutch. Sortie le 1er février, l’application de design utilise la réalité augmentée pour refaire votre déco.
Comment cela marche-t-il ? L’utilisateur prend une photo d’une pièce, applique un filtre (“French couture”, “Eclectic chic”…) et l’envoie à Hutch, qui se charge de vous renvoyer l’image de votre chambre ou salon transformés. Dans une nouvelle version, qui sortira prochainement, “les utilisateurs pourront également personnaliser la pièce en sélectionnant ou déplaçant les meubles“, explique Benjamin Broca, co-fondateur de l’app et directeur technique. Une deuxième levée de fonds devrait pousser le lancement de cette nouvelle version.
Le Français au cerveau bouillonnant de créativité, qui participera le 30 mars à une discussion organisée par le réseau FrenchFounders, n’en est pas à son app d’essai. L’ancien étudiant de Centrale et de Columbia University en a créé plusieurs depuis 2013 à New York. Parmi ses bébés: Now, “la story locale de Snapchat” qui montrait les événements aux alentours en photos, la messagerie Context ou encore Facefeed qui -malgré lui- est devenue une application de “dating”.
“Après plus de deux ans dans la finance à New York, je voulais m’en échapper et devenir ingénieur. J’ai donc créé mon boulot avec les app“, avance celui qui a tout appris dans des tutoriels sur Internet. Il suit alors le mantra d’Elon Musk, le fondateur de Space X : “Plus tu vas vite, mieux tu comprends le marché. Tu peux alors offrir le meilleur service possible.”
Une nouvelle aventure dans un secteur peu exploité
Las de la vie dans la Grosse pomme et tombé amoureux du surf, ainsi que de Venice Beach, ce trentenaire débarque à Los Angeles à l’été 2015 pour une éphémère mission de consultant. Il se retrouve dans le pays ensoleillé de ses modèles, Tinder et Snapchat. C’est d’ailleurs Sean Rad, l’ex-CEO de Tinder, qui le met en contact avec Beatrice Fischel-Bock, la fondatrice de Zoom Interiors, un site de conseils en design en ligne, qui s’est faite remarquer sur l’émission Shark Tank. “Il y a un réel engouement pour la décoration, mais trop d’idées sur Pinterest.” Entouré de quatre nouveaux associés, il délaisse le domaine des apps sociales pour se lancer dans l’aventure du design d’intérieur.
Une première app baptisée Homee naît en 2015. “Elle permettait de parler à un designer sur tchat gratuitement. L’utilisateur envoyait des photos de chez lui, et le professionnel lui soumettait un rendu photo personnalisé, tout en lui proposant d’acheter les meubles sélectionnés“, détaille Benjamin Broca, qui a amené son expérience entrepreneuriale et un sens du style à la française. L’affaire prend: 25% des discussions se concluent par un achat. Au printemps dernier, 200.000 dollars de meubles sont vendus par mois.
Il n’en faut pas plus pour attirer l’attention des investisseurs. Au total, Homee lève près de 8 millions de dollars, dont 5 millions auprès du Founders Fund de Peter Thiel, permettant au site d’embaucher une quinzaine de personnes (en plus des designers en freelance). Mais l’app se voit dans l’obligation d’équilibrer ses comptes pour satisfaire les investisseurs. Deux obstacles se présentent alors : la difficulté de passer à une app payante, et le manque de régularité des visiteurs, les utilisateurs ne changeant pas d’intérieur comme de chemise. “Nous avons alors revu à la baisse notre modèle “Silicon Valley”.”
Homee supplantée par Hutch
Fin 2016, l’équipe décide alors de se recentrer sur ce qui séduit le plus leurs utilisateurs : le rendu photo. Privés des conversations avec les designers, les dépenses chutent. Homee devient alors Hutch.
En plus des partenariats avec des fournisseurs de meuble, la compagnie projette d’offrir sa propre collection. Et ses ambitions ne s’arrêtent pas là. “Après les Etats-Unis, nous voulons que l’app soit disponible au niveau mondial sous peu (sans la vente de meubles). Nous pourrions alors proposer des filtres supplémentaires payants“, espère Benjamin Broca.
Même s’il a dû stopper le surf à cause de blessures, le développement d’Hutch le comble. Mais cet esprit insatiable garde une autre idée en tête : la robotique. “Il n’y a pas encore d’objets qui effectuent toutes les tâches quotidiennes“, lâche-t-il. Los Angeles pourrait lui donner des ailes.
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Manque que Starsky, quand même.