En 1917, des milliers de soldats afro-américains s’engageaient pour l’Amérique dans la première guerre mondiale. Les Etats-Unis les ont longtemps oubliés. Mais le 10 novembre, la veille du centenaire de l’armistice, un monument aux soldats afro-américains de la première guerre sera inauguré à Houston. Un hommage rendu possible grâce à l’initiative d’une Française, Pulchérie Gueneau.
Le maire de Houston Sylvester Turner, la représentante d’Etat Sheila Jackson, le consul général de France Alexis Andrès, les “French Veterans of Texas” ainsi que de nombreux vétérans américains et français du Texas seront présents. Les classes de CM1 d’Awty International School chanteront la Marseillaise et la chanteuse Adriene Bible l’hymne américain.
“Il y a 100 ans, les soldats afro-américains se battaient en uniforme français dans la boue des tranchées, aux côtés de nos grands-pères!, rappelle-t-elle. Son père, fils de Poilu, est bénévole pour une association française labellisée Mission Centenaire 14-18. L’année dernière, il lui a demandé de faire quelques recherches sur l’histoire de Houston dans la Grande Guerre, pour documenter une exposition sur l’arrivée des Américains dans les tranchées françaises en septembre 1918. Elle visite le Buffalo Soldier National Museum, où elle fait la rencontre du capitaine Matthews, fondateur du musée, et de la professeure d’histoire Angela Holder. “Ils m’ont beaucoup appris“.
Plus de 367.000 soldats noirs ont servi sous les drapeaux en 1917-1918, et 200.000 d’entre eux ont été envoyés en France. A l’époque, la société américaine est ségréguée. Le commandement américain, craignant des altercations interraciales dans les rangs, décide de transférer les “colored troops” sous commandement et uniforme français. Ils se feront remarquer pour leur courage à toute épreuve. “Les soldats afro-américains les plus connus sont les “Harlem Hellfighters”, qui venaient surtout des environs de New York, comme leur nom l’indique. Mais on connaît au moins un Harlem Hellfighter texan : le soldat Willie Smalley, dont la tombe a été retrouvée par l’historien Brandon Young à Odessa, Texas.”
Les soldats afro-américains furent amplement décorés et ont plusieurs monuments à leur mémoire en France, mais ils ne reçurent pas les mêmes honneurs à leur retour sur leur terre natale. En pleine ségrégation, ils furent même exclus des défilés de victoire. Puis le temps a passé, le souvenir de la Grande Guerre s’est estompé et a été effacé dans les esprits américains par les guerres suivantes.
Pour marquer le centenaire de la Grande Guerre, la “US WWI Centennial Commission” finançait en partie la restauration de 100 monuments aux morts dans 100 villes. “Dans notre cas, Theo Mayer, le directeur du programme, a accepté que l’argent soit utilisé pour la création d’un nouveau monument.” Le capitaine Matthews, vétéran afro-américain lui-même, a immédiatement donné son accord pour que le monument soit érigé sur la propriété du musée. “Cent ans plus tard, tout le monde sentait la nécessité de donner enfin à ces soldats un témoignage de reconnaissance digne de leur sacrifice, et d’offrir à leurs familles un lieu de recueillement et d’apaisement”, confie l’ancien militaire.