Ils sont 7 artistes, toutes disciplines confondues. Ils rentrent tout juste de Los Angeles, où ils ont passé 3 mois, libérés de toute contrainte économique, leur esprit entièrement focalisé sur la création. Ce n’est pas une utopie mais la conception de l’art portée par MAD Agency, une agence associative de création et de direction artistique dont le slogan est “Impossible n’est pas français“.
Le concept ? Créer les conditions optimales favorisant l’inspiration artistique dans un lieu, à l’étranger, pour une durée déterminée. Après « 434 » au Maroc en 2012, « 440 HOPE » vient de s’achever à Los Angeles. Anatole Maggiar le Président et co-fondateur de MAD Agency, revient pour French Morning sur la conception de l’art portée par son agence et sur l’expérience qui vient de s’achever à L.A.
Ne vous fiez pas à sa chevelure blonde et à son air angélique. Anatole Maggiar sait où il va. Après une bi-licence en photo/journalisme à New York, il revient en France et, à seulement 20 ans, créé MAD Agency. Inspirée de la célébre Factory de Warhol et des phalanstères ouvriers de Fourier, l’agence installe son QG dans la zone industrielle des Grésillons à Asnières Gennevilliers, dans le souci de faire le lien entre Paris et sa banlieue. On est alors en 2010. Sur près de 4000m2, la SIRA, accueille une quinzaine artistes de tous horizons, représentant un vaste panel de disciplines : photo, peinture, sculpture, vidéos, musique…
« L’idée c’est de pouvoir créer tous ensemble, de pouvoir s’inspirer des travaux des uns des autres et de pouvoir s’aider techniquement » explique Anatole. Lui-même artiste, il aime nourrir son art d’idées nouvelles et organise, dans cette dynamique des “lieux-projets”: « 434 » à Taroudant en 2012 et « 440 HOPE » à Los Angeles en 2013. La ville du Maroc, Anataole la connaît depuis son enfance et l’envie d’y installer un atelier éphémère est évidente. Il choisit ensuite Los Angeles car « c’est la ville ultra dynamique dans le monde de l’art contemporain ».
Pendant 3 mois, 7 artistes ont donc été plongés dans des conditions de travail optimales. « J’ai demandé aux artistes intéressés par le projet 440 HOPE de m’écrire une lettre de candidature avec le projet qu’ils voulaient réaliser là-bas » répond Anatole quand on lui demande comment il a sélectionné les artistes qui l’ont accompagné à L.A. « L’idée c’était de créer une équipe soudée, un bouquet d’artiste qui soit vivant ». L’immersion commence en novembre 2013 à downtown L.A : « On était là où ça se passe à L.A, on sent que les galeries les plus avant gardistes de L.A sont à downtown. On sent que ça bouillonne, parce que c’est là que ça se passe ».
Quelques semaines seulement après leur arrivée, artistes français et américains se sont rencontrés, le premier événement artistique déjà planifié. Organisée par Anatole et Jay Ezra Nayssan, un ami de longue date, une nuit de performances et d’installations d’artistes américains soutenus par les artistes français voit le jour. « Jay et moi on a beaucoup lu ensemble. Surtout du Wilde parce qu’on était un peu dans un délire romantique/dandy. Pour notre première exposition ensemble on a décidé de choisir un bouquin, « A rebours » de Joris-Karl Huysmans, qu’on adorait tous les deux». « Against the grain » -la traduction en anglais du titre- est l’adaptation du livre dans lequel l’auteur décrit une nouvelle pièce à chaque chapitre. « On accueillait les gens dans l’atelier et au fur et à mesure ils montaient dans l’ascenseur. A chaque étage les spectateurs découvraient une pièce ». Parmi les performances, un zèbre -un vrai !- recouvert de joyaux, et, clou du spectacle, un gigantesque bouquet réalisé par Maurice Harris, composé d’orchidées d’Hawaï de 2,40 mètre de haut sur 160 cm de large.
La dernière exposition « Event parking » est venue clôturer l’expérience californienne. Elle est directement inspirée du quotidien des artistes à L.A. « Il fallait que ça reflète notre expérience à L.A. Ce qui caractérisait notre séjour, c’était les heures passées dans les embouteillages, à écouter la radio dans la voiture » raconte Anatole. L’idée de monter une radio pirate vient donc assez naturellement aux artistes. « On a loué des camions de déménagement , présenté un show radio dans lequel on interviewait les artistes. Au début gens écoutaient juste la radio puis, au fur et à mesure, les artistes qui étaient cachés dans les camions de déménagement présentaient leur travail. À la fin tous les camions étaient ouverts. Il y avait un côté un peu highjacking, assez excitant, dangereux ».
L’exposition sera présentée à Paris en avril/mai, et pour suivre toute l’actu 2014 de MAD Agency c’est ici. En ce qui concerne la suite, Anatole reste assez mystérieux : «On aimerait investir un nouveau bâtiment, l’agence est amenée à s’installer ailleurs. On a envie d’ouvrir un centre permanent à L.A aussi »