Steven Spielberg, Robert De Niro, Sharon Stone, Al Pacino… Depuis vingt-deux ans, Sébastien Micke photographie les plus grandes stars hollywoodiennes dans des lieux somptueux pour Paris Match. A force de côtoyer les palaces impersonnels, il a décidé d’ouvrir un boutique-hôtel différent à Los Angeles. Avec sa femme Roxane, une Américaine, ils ont imaginé Hom, dans le quartier d’Hollywood, un complexe proposant des hébergements allant du studio aux trois pièces.
Ce projet était à l’origine un rêve de Roxane. Elle a notamment rénové une propriété de Beverly Hills, achetée par les agents immobiliers de Million Dollar Listing (une série de télé-réalité américaine suivant quatre agents immobiliers). Une transaction qui leur a procuré les fonds nécessaires pour lancer leur projet personnel. Le couple décide alors d’acheter un complexe secret qui leur avait tapé dans l’oeil, l’ancienne propriété du feu acteur (et chasseur de bisons) Wyatt Earp, composée de sept “maisons” (avec treize chambres).
De l’extérieur, avec son portail vert jade privé d’enseigne, on imagine un lotissement traditionnel de Los Angeles sans prétention et délabré. Mais passé la grille, le visiteur a la surprise de se retrouver dans une jungle urbaine, au milieu des palmiers et d’une verdure luxuriante, d’où ressortent les sept unités repeintes en noir. “Un petit village”, décrit le Français. Chaque bâtiment date de différentes époques, “la plus grande est une maison victorienne de 1905, un bout d’histoire de Los Angeles”, raconte le photographe originaire de Sète, dans le sud de la France.
Voyant le potentiel, le couple a décidé de modifier petit à petit les lieux, démarrant par un lifting extérieur, avec la peinture noir charbon. L’objectif : que la nature prenne le dessus sur l’architecture. “On essaie de casser les codes, de revoir le concept de l’hospitalité. On veut que les clients se sentent chez eux ici, à la différence de l’hôtel et de l’Airbnb. Qu’ils aient leurs propres règles, leur liberté alors que notre intimité est constamment envahie”, raconte le Sétois aux allures de bobo-hippie avec sa chemise ouverte et son chapelet tibétain.
En plus de cette philosophie, le couple franco-américain cherche à attirer l’attention des clients sur l’écologie, mais également le côté spirituel et le “mind fullness” avec dans le futur des cours de yoga, de méditation…
Autre particularité mise en avant par Sébastien Micke : “l’âme” des unités. Chaque appartement a été personnalisé avec goût, meublé avec leurs biens personnels et des objets chinés.
Une longue carrière chez Paris Match
Même si sa femme est une professionnelle de l’immobilier, ce domaine reste nouveau pour Sébastien Micke. “Mais j’ai beaucoup voyagé pour mon travail dans des endroits éclectiques”, assure celui qui a été “le plus malheureux dans les hôtels”.
Comme pour l’hôtellerie, il est tombé dans la photographie grâce à son goût des belles choses. Tout a commencé lorsqu’il a acheté à Paris son premier appareil photo, “un bel objet qui m’allait bien”. Il entre chez Paris Match au culot, et en 2008, part remplacer leur photographe à New York qui prend sa retraite. Hébergé dans un premier temps chez son amie, la mannequin française Noémie Lenoir, il devient alors le correspondant de l’hebdomadaire, travaillant sur l’actualité ou les célébrités. “Les grands portraitistes américains me faisaient rêver, je voulais moderniser la recette de Paris Match avec mon esthétique”.
A Los Angeles depuis huit ans, il apprécie toujours autant les rencontres et l’imprévisibilité de son métier, qui l’ont amené à se retrouver au milieu du golfe du Mexique à chercher des puits de pétrole en barque pour obtenir “la bonne photo”. “Un métier qui te pousse dans tes retranchements”, et qu’il va poursuivre en parallèle de la gestion de Hom. Et il souhaite, ainsi, imbriquer ses deux métiers, en transformant Hom en lieu de villégiature pour les photographes étrangers de passage à Los Angeles. Il faut dire que c’est un terrain intéressant pour les “shootings”.
Le couple ne compte pas s’arrêter là : il ambitionne de développer la marque Hom à l’international, et rêvent d’avoir des boutique-hôtels à Paris et Ibiza. “Si ça ne marche pas, on fera autre chose”, relativise le Sétois.