Revue de presse. La presse américaine s’émeut cette semaine du maintien de la Françafrique, du manque de charisme de François Hollande et de l’aveu de la ministre de la culture qu’elle n’a pas lu le dernier Patrick Modiano.
Le magazine Newsweek ouvre les hostilités en analysant la situation diplomatique entre la France et l’Afrique. L’article, intitulé “La France réclame peu à peu son vieil empire africain“, revient sur les funérailles du sergent Marcel Kalafut, mort au Mali en mai 2014 dans le cadre de l’opération SERVAL. Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian avait rendu hommage au huitième soldat français tué depuis janvier dans la région, en précisant que 1.000 soldats resteraient au Mali et 3.000 dans le Sahel et le Sahara “aussi longtemps que nécessaire“.
Le journaliste démontre alors comment, cinquante ans après, “Paris se mêle toujours des affaires de l’Afrique.” “Les forces françaises, ajoute-t-il, sont présentes dans pas moins de dix pays africains“. “Une source non-gouvernementale estime que la France possède plus de dix mille troupes en Afrique.” Par la suite, il compare la situation au film de Wellman, Beau Geste (1939) : “même désert, même sable, mêmes avant-postes isolés. Et certains des mêmes ennemis, comme les rebelles Touaregs qui se battent encore pour l’indépendance.”
L’article revient enfin sur la “parade” de dictateurs africains au Palais de l’Elysée, dont le président du Gabon, Ali Bongo, en 2012, deux mois à peine après l’élection de François Hollande. Et de faire part des doutes du professeur Jeremy Keenan, pour qui la Françafrique a de beaux restes. “Ils disent qu’elle est morte. Mais ça sent le poisson pourri!“
François Hollande et son “manque de charisme”
Cette semaine, la presse américaine regarde décidément vers le passé. Quasiment aucune mention de la visite officielle du président français au Canada. Dans un article de Forbes, la chroniqueuse nous donne une leçon de grec ancien. “Le mot ‘charisme’ signifie ‘don de Dieu’. JFK était charismatique ; Et Winston Churchill ; Et Charles de Gaulle. Mais pas François Hollande… Et, pour l’opinion publique, c’est son plus grand défaut.“
Elle prend alors l’exemple de l’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, qui a pris de l’ampleur pendant la crise du 11-septembre. “Il est l’incarnation de l’importance d’avoir un leader charismatique en temps de crise – des circonstances qui appellent un leader avec une vision, passionné et plein d’énergie“. Sans surprise – et avec une touche dramatique -, la chroniqueuse explique que “le désenchantement, la frustration et la peur” aujourd’hui en France, résultent de ce manque de charisme de François Hollande.
Fleur Pellerin et la culture en France
Après la confession de Fleur Pellerin, le New York Times s’alarme : “Mon Dieu! (sic) La ministre de la Culture admet qu’elle ne lit pas” – tronquant au passage, la citation de l’intéressée, qui disait ne pas avoir lu les romans du Prix Nobel Patrick Modiano ni aucun autre roman, depuis deux ans. Le journaliste évoque un “choc” pour les Français, avant d’invoquer cérémonieusement A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. “‘En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même.’ Une notion pertinente à suivre, si seulement Madame Pellerin, comme nous tous, avait le temps.”
Dans le New York Times toujours, l’article intitulé “Une capitale des arts est forcée d’évoluer” revient sur l’ouverture du Musée Picasso et de la Fondation Louis Vuitton à Paris. “A l’inauguration du Musée Picasso, M. Hollande se vantait d’une France ‘culturellement rayonnante’“, ironisent les journalistes. Alors que, selon eux, la situation économique pousse la France et Paris en particulier, à revoir son modèle de financement des arts.
L’article cite Frédéric Martel et son approche du financement de la culture aux Etats-Unis. L’écrivain évoque le “préjugé” selon lequel “la culture financée et organisée par l’Etat, c’est une bonne chose, et la culture façonnée par le marché , comme Hollywood ou Disneyland, c’est une mauvaise chose“. Prenant l’exemple de la Fondation Louis Vuitton – privée -, les journalistes affirment que la France importe désormais “de plus en plus le modèle de la fondation à but non-lucratif financée par un riche bienfaiteur.”
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Je découvre la ministre de la culture Fleur Pellerin et sa gaffe qui consiste a raconter un déjeuner agréable avec le prix Nobel de la littérature tout en n’étant pas capable de citer un ouvrage de cette personne. Elle aurait aussi avoué qu’elle ne lisait plus que des rapports depuis deux ans. C’est vrai qu’on aime bien avoir une certaine representation “haute culture” de la France, avec des presidents très cultivés comme Pompidou ou Mitterrand et des ministres de la culture flamboyants comme Jack Lang. On admire aussi beaucoup la gastronomie française, alors que de très nombreux restaurants à Paris et ailleurs n’ont plus qu’une série de micro-ondes en cuisine pour réchauffer les plats cuisinés. On aime cette “certaine idée de la France”. C’est vrai que je suis un peu déçue que la ministre de la culture ne veuille pas se ménager du temps pour se cultiver, qu’elle envisage son rôle comme un patron technocrate énarque, et qu’elle s’intéresse plus au “haut débit” qu’au contenu des bouquins.
En même temps, je me demande si elle n’est pas le reflet du mouvement actuel, de ce que nous demandons à nos gouvernants. Je me demande aussi s’il n’y a pas un peu de racisme caché anti-asiatique ou anti-étranger sous les commentaires durs qui lui sont adressés. C’est dur d’être une femme avec une apparente race différente, patron d’un service gouvernemental aussi sensible et cher aux Français. En tout cas, elle a dû vite apprendre sa leçon. Un bon manager sait se ménager du temps, et on ne peut manager la culture en France si on ne lit pas!