Revue de presse. François Hollande avait fait l’unanimité aux Etats-Unis en déclarant la guerre contre les réseaux terroristes au Mali. Mais le voilà, à présent, rattrapé par tout le reste.
Dans la tribune “Pourquoi Hollande doit faire preuve d’un leadership plus clair”, paru sur le site de CNN, John Gaffney, professeur de politique dans une université britannique, explique que le Président français n’est pas un leader pour l’instant. “Dans ses huit premiers mois au pouvoir, Hollande n’a pratiquement rien fait. Il est comme un lapin ébloui par les phares d’un véhicule venant en sens inverse, le véhicule de la ‘dure réalité économique’“, constate le professeur.
D’après lui, le Président a fait des promesses qu’il ne tient pas, et auxquelles les Français ne croient plus: “Il a fait l’erreur de dire à tout le monde qu’il pouvait résoudre les problèmes du pays sans douleur, en taxant les super-riches, il ne parvient pas à le faire alors il taxe tout le monde“. Il l’accuse d’être trop passif et de ne prendre aucune mesure et avertit que “l’attente de la reprise pourrait laisser la France au dépourvu et dans une situation plus difficile encore que celle de l’Espagne ou de l’Italie“.
L’auteur de l’article conclut en donnant à François Hollande quelques conseils pour la suite de son mandat. “Aucun gouvernement dans l’histoire française n’a été dans une meilleure position pour faire de la France une société plus égalitaire tout en rendant son économie plus efficace. Il devrait se concentrer sur les jeunes qui essaient de créer leur propre entreprise. Mettre l’accent sur les petites entreprises en général (…) mais par-dessus tout, il faut utiliser la présidence d’une manière plus imaginative: commencer une conversation passionnante avec les Français. Aucune autre fonction dans le monde, pas même la présidence des États-Unis, offre une telle ampleur d’intimité entre le leader et la population“.
Au Mali, “vive la France”?
Tandis que François Hollande annonçait lundi que la France était “dans une phase de sécurisation” au Mali, le Huffington Post s’interroge: l’armée française a-t-elle vraiment gagné cette guerre. Rajan Menon, professeur de sciences politiques au City College de New York, met en avant les récentes précautions prises par le Président, “Hollande comprend que l’enthousiasme des citoyens français pour la campagne au Mali pourrait s’avérer de courte durée si elle se transforme en une lutte ouverte qui commence à consommer sang et argent“, c’est pourquoi “lui et le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont souligné que la France allait transférer la mission à l’armée malienne et aux troupes de quelques-uns des 14 autres États qui composent la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)“.
L’auteur semble sceptique sur la position française au Mali. Il constate que l’armée française a fait un travail minimum et laisse désormais les Etats africains dans une difficulté qu’ils auront sans doute énormément de mal à surmonter. “Pour l’instant, la France a atteint ses objectifs, à des coûts minimes et acclamée à l’unanimité. Mais la crise n’est pas terminée. La France va découvrir qu’elle n’est plus en mesure d’influencer le cours des événements de manière aussi décisive que ces dernières semaines“, conclut le professeur.
Galileo, un projet trop ambitieux
Le New York Times revient, cette semaine, sur le projet européen de système de positionnement par satellite Galileo. En test depuis 2005, Galileo vise à garantir l’autonomie de l’Union Européenne (UE) dans ce domaine stratégique. Il fait l’objet de vives critiques en raison notamment de son coût très élevé.
Le journaliste ironise sur ce projet commun de l’UE en rappelant que “les nations européennes souvent en désaccord peuvent finalement réussir à trouver une cause commune“. Le projet de satellite indépendant est voué à l’échec, pour lui, car il implique “un budget trop élevé pour un système de navigation par satellite qui est à des années de l’achèvement complet, en grande partie un duplicata d’un système américain déjà largement utilisé en Europe et qui n’arrivera probablement jamais à générer le montant des recettes exigées“. L’auteur continue de critiquer l’ambition européenne en insistant sur les désaccords entre les différents pays et les difficultés budgétaires qui n’arrivent pas être résolues. Il finit en avançant que “Galileo promet peut-être la seule chose qui semble encore en mesure de surmonter la dévotion des dirigeants européens à l’austérité: l’indépendance économique et technologique des États-Unis“, touchant ici le cœur sensible du sujet. Il cite enfin Diego Canga Fano, haut fonctionnaire de la Commission Européenne, pour soutenir ses propos: “L’Europe est comme quelqu’un qui achète une voiture mais qui n’a pas d’argent pour l’essence”.
Législation controversée pour les “travailleurs saisonniers” en France
Les professeurs remplaçants en France sont dans le collimateur du New York Times cette semaine. Un article dédié aux “travailleurs saisonniers avec un doctorat” explique la situation délicate de ses professeurs ne donnant que quelques heures de cours par semaine dans des universités en France et soumis à une législation visiblement peu avantageuse. “Le recours à des professeurs à temps partiel, qui ont peu de possibilités d’emploi, ou d’un temps complet, est de plus en plus courant dans les collèges et universités américaines. Mais la législation européenne donne aux travailleurs plus de droits, et les travailleurs français sont parmi les plus protégés en Europe – à moins, paraît-il, qu’ils ne travaillent pour une université américaine“.
Le journaliste montre donc que les professeurs dans des structures américaines en France ne bénéficient d’aucune protection sociale, et font face à des conditions de travail qu’il décrit comme précaires. “La plupart des enseignants dans des programmes américains en France interviewés pour cet article ont dit qu’ils avaient peur d’être présentés sous leur vrai nom“, rapporte l’auteur du papier. Il cite un professeur au sein des programmes de NYU et de Columbia à Paris, qui a refusé de dévoiler son identité: “Le problème c’est que la loi française ne nous protège pas et que la loi américaine ne sait même pas qu’on existe“.