“Quelque chose se passe ?“, demande un jeune garçon dans le gymnase de l’école Dream à East Harlem. Il a raison d’être surpris. François Hollande vient de débarquer avec un cortège d’une bonne trentaine d’invités, de journalistes et photographes, alors qu’une quarantaine d’élèves balancent des pochons dans des cerceaux aux quatre coins de la salle tels des lanceurs de poids.
L’ancien chef de l’Etat est venu participer, lundi 18 novembre, à la signature d’un nouveau partenariat entre Dream et l’association française Sport dans la Ville, lauréate 2018 d’une bourse de La France s’engage, fondation lancée en 2014 par François Hollande pour soutenir des projets solidaires. Les deux groupes, mis en relation en 2004 sous l’impulsion d’un mécène (l’entreprise de jeux vidéos Atari), cherchent à favoriser l’insertion de jeunes défavorisés à travers le sport.
Dream est “une innovation autour du sport. On a tous à apprendre des autres. Aux Etats-Unis, pays très libéral avec un président que je n’ai pas besoin de présenter, on pourrait se dire: qu’est-ce qui se fait ? Qu’est-ce qui ne se fait plus ? Il y a des innovation sociales d’une très grande qualité qui peuvent inspirer notre pays“, indique l’ex-président, qui est reparti avec un maillot de basket aux couleurs de l’école.
Avec sa partenaire l’actrice Julie Gayet, le PDG de Carrefour (et soutien de Sport dans la Ville) Alexandre Bompard et le nouvel ambassadeur de France aux Etats-Unis Philippe Etienne, il a fait une visite guidée du siège de Dream, une association fondée en 1991 qui aide 2 500 jeunes à Newark, East Harlem et le South Bronx au travers de programmes extra-scolaires, de camps d’été et de “charter schools” (écoles publiques à gestion privée). L’association, qui a connu une forte croissance ces dernières années, vient d’ouvrir une nouvelle “charter school” dans le South Bronx, quartier pauvre du Bronx.
François Hollande s’est ensuite livré, en anglais et en français (avec l’assistance d’un traducteur) à une séance de questions-réponses avec un groupe d’élèves auxquels il a notamment rappelé qu'”être Américain, c’est être responsable du reste du monde“. Ils l’ont interrogé pèle-mêle sur le leadership, l’importance du sport en France, la colonisation, la possibilité d’une compensation financière française pour l’esclavage en Haïti. “Merci pour l’invitation!“, a plaisanté l’ex-élu, visiblement surpris par la teneur des questions. Une étudiante lui a demandé s’il se considérait comme communiste, déclenchant l’hilarité de la salle.
Mais les deux stars de l’événement étaient bien Sport dans la Ville et Dream. Chaque été depuis quinze ans, “entre vingt et trente jeunes” de l’association française créée en 1998 viennent faire du volontariat au sein de Dream à New York tandis qu’une “vingtaine” de jeunes de Dream se rendent en France, précise Philippe Oddou, fondateur et président de Sport dans la Ville, qui s’occupe de 8 000 jeunes répartis dans 45 quartiers prioritaires en France. “Ce sont des programmes qui changent la vie de nos jeunes. Il y a un avant et un après. Ils quittent pour la première fois leur quartier. Du jour au lendemain, ils sont projetés dans une réalité différente, qui leur donne de la force“, poursuit Philippe Oddou.
Le nouveau partenariat signé lundi pour une durée de cinq ans permet d’accroitre le nombre de jeunes participant aux programmes d’échanges, de renforcer les partenariats entre les deux associations et le secteur privé et de favoriser les échanges de bonnes pratiques. Gol de Letra, l’association de réinsertion de l’ex-footballeur Raì, participe aussi à ce nouveau partenariat, mais la star du ballon rond n’a pas pu être présente à l’événement faute d’ESTA.