Le réalisateur franco-américain Hervé Cohen a parcouru plus d’une douzaine de villes à travers le monde à la recherche d’histoires d’usagers du métro. Il les a compilées dans un web documentaire interactif et dans une installation multimédia nommée “Life Underground”, qu’il vient présenter à SxSW du 9 au 15 mars au JW Marriott (des extraits sont d’ores-et-déjà visibles sur le site).
L’installation, qui a été présentée en première mondiale à Los Angeles le mois dernier, vise à recréer l’environnement du métro, et invite les curieux à un voyage au cœur des métros du monde, « comme s’ils y étaient », à la découverte d’histoires personnelles de quarante passagers.
« Une ville est un carrefour où la plupart des gens viennent d’horizons différents. Un des objectifs du documentaire est de faire prendre conscience que nous sommes tous humains, que nous avons beaucoup de choses en commun, beaucoup à partager et que l’on peut facilement se comprendre. A New York par exemple, le monde entier est là. Toute la ville prend le métro: riches, pauvres, croyants, athées », explique Hervé Cohen.
En plus de New York, Hervé Cohen s’est rendu à San Francisco (où il reside à present), à Montréal, Vienne, Athènes, Hong Kong, Santiago, Singapour, Bruxelles, Lausanne et Tokyo à la rencontre de tous les profils, ne se fiant qu’à son intuition et à son envie d’engager la conversation. « Je ne recherchais pas les gens beaux ou à la mode. Cela pouvait être n’importe qui, comme quelqu’un avec un bouquet à propos de laquelle je me suis dis: “où va-t-elle avec ce bouquet ?“ ou cela pouvait être quelqu’un avec un costume. »
Le réalisateur admet aussi que le métro donne un cadre de mise en scène particulier. « Filmer dans le métro me permet de prendre le temps d’observer les gens, leurs expressions. Il y a une atmosphère interne spéciale, avec les tunnels, la lumière, le bruit. L’environnement est propice à se réfugier dans son monde intérieur », dit-il.
Ces pérégrinations artistiques dans les métros du monde entier sont à l’image de la carrière du réalisateur. Celle-ci a emmené ce natif de Paris dans le monde entier. Il a notamment filmé la cérémonie d’initiation des jeunes Diolas, qui marque le passage à l’âge adulte pour les adolescents de cette ethnie du sud du Sénégal, et s’est rendu dans la province du Séchouan en Chine où il a suivi le travail de trois projectionnistes itinérants. Il a aussi signé une série de portraits d’enfants dans le cadre de “Time for School” pour la chaine PBS.
Quand on lui demande ce qu’il souhaite que les spectateurs retirent de ce nouveau projet, il répond : « Le premier retour que j’ai est celui des personnes qui ont collaboré avec moi et qui vivent dans chacune de ces villes. Beaucoup m’ont envoyé un mot pour me dire : “Maintenant je regarde les gens d’un autre œil et j’ai envie de leur parler“. »