L’atelier de Serge Bueno sur La Brea avenue a fait le tour des journaux télévisés, fin 2017. C’est dans son antre que Johnny Hallyday aimait s’arrêter boire un verre, discuter de moto. Mais Heroes Motors est bien plus qu’un lieu de pèlerinage pour les fans du taulier. Le garage, ouvert depuis 2015, est une destination pour les passionnés et collectionneurs de deux-roues. Et Serge Bueno a voulu aller plus loin.
Vestes en cuir, casques, gants, sculptures, livres en édition limitée ou montre : le Parisien a imaginé et conçu une gamme de produits dérivés “made in USA” pour offrir un “lifestyle” aux amateurs de ses bécanes. Après avoir ouvert une boutique sur Melrose, il développe un peu plus son univers avec une seconde adresse de vente à Malibu, inaugurée le samedi 7 décembre.
Vous ne trouverez pas cet artiste de la bécane dans ses magasins, “les vitrines” de sa marque. Il préfère passer son temps les mains dans le cambouis dans l’atelier, sa “galerie d’art”, à restaurer une Majestic datant de 1929 arrivée en pièces détachées. Un travail d’orfèvre qui dure jusqu’à 400 heures, pendant lesquelles il répare, révise les boîtes de vitesse, refait les chromes, la peinture… “Notre esprit, c’est de retaper les motos de manière authentique, dans le respect du produit tout en offrant des performances optimales”, affirme ce perfectionniste, qui réalise également des “customs” à la demande.
Des modèles qu’il vend entre $15.000 et $500.000 : “la rareté fait le prix, tout comme la restauration”, défend-il. Et le marché américain fut une vraie aubaine pour le restaurateur de grosses cylindrées : “il y a beaucoup plus de collectionneurs qu’en France, et une vraie culture de la moto ancienne”, note cet autodidacte qui les considère comme des “morceaux d’histoire”. Sur un des murs du garage, on peut notamment admirer “une pièce de musée, une Peugeot de 1904”. “C’est une addiction, dès qu’on commence à en acheter, on ne s’arrête plus.” A partir de son réseau en France et en Europe, forgé durant plus de 20 années, il exporte les motos vintages à retaper. Heroes Motors a ainsi trouvé sa place à Los Angeles, et assis sa réputation au travers des salons professionnels (triomphant notamment au concours d’élégance de Beverly Hills).
Son talent artistique ne s’est pas toujours exprimé par ce biais-là. Diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts à Paris, ce dessinateur s’orientait vers une carrière d’architecte, touchant à la photographie, la peinture et la décoration intérieure. En lieu et place de cela, il va diriger plusieurs agences de communication pendant une dizaine d’années, collectionnant en parallèle des motos venues du monde entier. Une passion qui a débuté quand Serge Bueno, à 20 ans, a acheté une vieille Peugeot pour la retaper. Outre l’esthétisme, il admire la performance des deux-roues, ayant concouru lors de rallyes de motocross pendant plus de 10 ans en Tunisie et au Maroc, jusqu’à une chute en 2011.
Faisant le pari fou (et très californien) de vivre de sa passion, il a décidé il y a six ans de changer radicalement de vie en vendant son agence, et en s’installant à Los Angeles, “un endroit idéal pour rouler”. Dès la première année, le quinquagénaire réussit à vendre sa collection personnelle de quarante bécanes. Un investissement nécessaire pour monter son garage, puis ses boutiques. Depuis, les collectionneurs s’arrachent ses motos haut-de-gamme, comme les commerçants qui s’en servent pour “habiller leurs boutiques”. Et Serge Bueno peut continuer à exprimer son art dans son atelier, et dans les collections de vêtements et accessoires qu’il crée pour Heroes Motors.