C’est Robert Chavez, président directeur général d’Hermès USA qui a convaincu ses supérieurs sceptiques d’implanter le premier magasin de luxe dans ce quartier sinistré après le 11 septembre. « Nous sentions tous l’importance du redéveloppement de Downtown New York » dit-il. Robert Chavez assure que le quartier est en pleine ébullition. D’après lui, Wall Street était désert après 5 heures du soir il y a encore quelques années, mais les restaurants fleurissent et l’on construit de condominiums. Outre les hommes et femmes d’affaires, Hermès espère donc que les touristes et les habitants viendront pousser sa porte au 15 Broad St.
La calèche d’Hermès autour du monde
Un pari osé qui reflète l’espoir que le gourpe place dans le marché américain. « Aux Etats-Unis on a un énorme potentiel » affirme Patrick Thomas qui a succédé à Jean-Louis Dumas à la tête d’Hermès International en 2006.
L’implantation d’Hermès aux Etats-Unis ne date pourtant pas d’hier. Le premier point de vente avait ouvert en 1924. Depuis, grâce à la publicité d’icônes comme Grace Kelly (inspiratrice du sac Kelly), Jacky Kennedy ou encore Audrey Hepburn, Hermès s’est forgé une solide réputation. Les magasins se sont multipliés dans les années 1990 mais c’est la reprise de la ligne de prêt à porter par Jean-Paul Gautier en 2003 qui propulsé Hermès au devant de la scène américaine du luxe .
64 magasins existent déjà à travers le pays et de nouvelles ouvertures sont prévues l’année prochaine à Denver et à San Diego. Dans la décennie à venir, Hermès compte conserver le rythme de deux à trois inaugurations par an sur le sol américain. «Il n’y a pas beaucoup de lignes qui ne marchent pas aux Etats-Unis» se félicite Patrick Thomas. La maroquinerie et la soie reste les produits phares mais la gamme de prêt à porter, les bijoux, les parfums et les articles de maisons se vendent également très bien assure-t-il.
Le marché américain de 250 millions de dollars ne représente pourtant que 16% du chiffre d’affaires mondial d’Hermès International. La maison de luxe est solidement implantée en Asie, notamment Corée du Sud et au Japon et se lance désormais à l’assaut du marché chinois. Un nouveau magasin vient d’être inauguré vendredi à Hangzhou. Au premier semestre 2007 l’activité du groupe a augmenté de 6,5%.
La qualité plutôt que les paillettes
Aux dires du patron, la clef du succès est de se tenir éloigné des paillettes. « Je crois que les gens s’intéressent de moins en moins au côté luxe, ce qui les intéresse c’est le bel objet », explique Patrick Thomas.
« Nous jouons beaucoup la discrétion ». La société est cotée en bourse mais encore gérée à 72% par les héritiers du fondateur Hermès. Repoussant le côté ostentatoire de certaines entreprises de luxe, Patrick Thomas ne parle pas de groupe mais de “maison” et préfère mettre en avant le travail d’artisanat réalisé pour chaque produit.
Que ce soit pour un sac, un bijou ou une assiette l’entreprise tient à chercher les savoir-faires là où ils sont. Ainsi, la plupart des produits sont fabriqués en France mais les montres Hermès sont produites en Suisse. Au total, Hermès emploie 6700 employés à travers le monde.