Des rouleaux de tissus qui attendent le premier coup de ciseaux, des étagères remplies de coussins et de couvertures pour bébé pastel… L’univers de Sandra Dejanovic pétille dans son atelier baigné de soleil, situé dans le quartier de Bayview, à San Francisco.
Depuis deux ans, cette Française créée des produits textiles sous la marque Happy French Gang. Diplômée en ingénierie des systèmes industriels, elle a travaillé pour la RATP et la Sagem avant de s’expatrier avec son mari à San Francisco en 2010. Après la naissance de son fils en 2011, elle cherche des postes dans son domaine de compétence, sans succès, et lance son entreprise, un rêve qu’elle caressait depuis longtemps.
Le tissu s’impose comme une évidence. “Ma mère avait une entreprise de lingerie féminine, installée dans notre maison. Je me cachais derrière les tissus, je voyais les mannequins défiler”, raconte Sandra Dejanovic. “Pourtant je n’ai rien appris du métier avec ma mère.”
Elle commence par emprunter la machine à coudre d’une amie, et apprend la couture à force de persévérance. Son premier produit, le Zipillow, est composé de quatre coussins que l’on peut moduler en pouf, canapé, lit, banc, en les reliant par des fermetures éclair. En plus du Zipillow, Sandra Dejanovic fabriquait déjà quelques couvertures. Devant le succès rencontré par celles-ci et l’afflux de pré-commandes, elle décide de se concentrer sur le linge de maison.
“Aujourd’hui, Zipillow fait toujours partie de ma collection, mais j’ai surtout développé une ligne de jetés de lit, couvertures pour bébés et pour adultes, des coussins, des rideaux”, explique Sandra Dejanovic. En septembre, Happy French Gang a lancé sa collection de linge de table.
Le style des produits Happy French Gang est facilement reconnaissable: des couleurs pastel travaillées en tie-dye (teinture non uniforme obtenue en nouant le tissu, popularisée dans les années 60), des coutures flashy, et de la texture. “Je choisis mes tissus en touchant les matières. Si je trouve un tissu qui a une texture intéressante, et qu’il est disponible en grande quantité, je l’achète !” Trouver les fournisseurs d’une matière première de qualité reste la préoccupation principale de la créatrice.
Pour sa collection emblématique baptisée Cloudy, Sandra Dejanovic se fournit en coton naturel d’Inde, tissé à la main. Les couvertures pour nouveaux-nés sont en coton biologique. Chaque pièce est unique, et le temps passé à la créer justifie des prix variant de 30 dollars pour les serviettes de table à 450 dollars pour un tapis entièrement noué à la main. “Je fais tout toute seule: je coupe mon tissu, je le plie, le teins, le lave, puis je le sèche, et enfin je le couds, sans oublier la petite étiquette Happy French Gang pour la touche finale.”
Avec une moyenne de cinquante articles vendus par mois en ligne, dans les “crafts fairs” et sur commande, Happy French Gang a surtout du succès auprès d’une clientèle américaine éprise de produits locaux, bio et faits maison. “Je fabrique des produits différents d’autres créateurs, qui plaisent à ceux qui s’intéressent au design et à l’aspect manuel de la création”, explique Sandra Dejanovic.
Grâce aux réseaux sociaux, en particulier Instagram, Happy French Gang voyage au delà de la Californie. “J’envoie des couvertures et mes coussins dans l’Oregon, le Texas, le Colorado, l’état de Washington…”
Sandra Dejanovic tient à continuer la vente directe en plus de la vente en gros à certaines enseignes : “Je veux rester au contact direct du client, tout en grossissant mon portefeuille de magasins.” Happy French Gang est distribué dans une vingtaine de magasins et de spas. A San Francisco, on trouve ses créations chez Rare Device, Tug Tug, et Paxton Gate, ainsi qu’au magasin West Elm de Mill Valley. En ligne, outre sa propre boutique, on peut trouver Happy French Gang sur Of a Kind.
Les créations Happy French Gang seront aussi vendues à diverses “crafts fairs” de fin d’année à San Francisco : les 7-8 novembre, à la Urban Epic Fest, les 14-15, à la West Coast Craft, et les 21-22, à la Renegade Craft Fair.
La créatrice caresse l’espoir de traverser l’océan et faire découvrir son univers poétique et coloré à la France.