Le nombre de demandeurs de visas H-1B continue de baisser. Selon des données révélées jeudi 12 avril par l’USCIS (US Citizenship and Immigration Services), 190.098 dossiers ont été reçus contre 199.000 en 2017, année déjà marquée par une baisse importante par rapport à 2016 (236.000 applications).
Cela ne veut pas dire que le précieux visa, demandé par les entreprises américaines pour faire venir une main d’oeuvre qualifiée, sera plus facile à décrocher cette année. Au contraire. Les plafonds de visas accordés (65.000 par loterie et 20.000 hors loterie pour les titulaires d’un master ou plus), ont été tous les deux atteints en moins de cinq jours, signe que la demande reste soutenue.
Ceux qui seront sélectionnés au terme du tirage au sort devront faire face à des contrôles renforcés. “Cela sera encore pire cette année. Les règles n’ont pas changé. Par contre, la manière de les interpréter n’est plus la même“, explique Florian Dauny, avocat d’immigration français basé à Miami. Cela a commencé sous Obama mais on voit une grande différence depuis l’arrivée du nouveau président. On sait que le H-1B est dans le collimateur“.
Donald Trump n’a pas fait secret de son hostilité envers le H-1B, un visa utilisé selon lui pour favoriser l’emploi d’une main d’oeuvre étrangère à moindre coût au détriment des travailleurs américains. Un constat sur lequel s’accordent de nombreux experts, ainsi que des élus républicains et démocrates, dont Bernie Sanders.
Après la signature du décret “Buy American and Hire American” en avril 2017 par le président américain, appellant à “des réformes pour s’assurer que les visas H-1B sont attribués aux bénéficiaires les plus qualifiés et les mieux payés“, les contrôles de l’USCIS sur les dossiers se sont multipliés. Dans les huit premiers mois de la présidence Trump, l’agence a émis 85.000 “Requests for Evidence” (RFE), des demandes de preuves envoyées par l’USCIS. C’est 45% de plus que pendant la dernière année de l’administration Obama. Les candidats de “niveau 1” de rémunération (titulaires d’un bachelor) dans le secteur de l’informatique sont particulièrement visés par ces demandes.
Fin février, l’agence de l’immigration a publié un mémo expliquant qu’elle allait imposer davantage de contrôles sur les entreprises demandant des H-1B pour des travailleurs employés par un tiers, comme les agences de recrutement. En outre, l’USCIS se donne la possibilité d’accorder le visa pour une durée inférieure à trois ans, la période de validité maximale.
“L’USCIS a déclaré que les changements de postes ou d’employeurs allaient être traités comme des premières demandes. Ce n’était pas le cas avant“, ajoute Sophie Raven, avocate d’immigration à New York qui travaille avec de nombreux Français. “Si le postulant remplit les critères pour un autre visa, je leur conseille de ne pas essayer le H-1B. Les pétitions aujourd’hui doivent être encore plus détaillées. Il y a plus de travail du point du vue des avocats pour préparer les dossiers“.
Malgré les difficultés supplémentaires pour les entreprises, certains applaudissent la nouvelle politique de l’administration américaine. “L’administration Trump est en train, pour la première fois, de prendre au sérieux le fait que des entreprises abusent du système H-1B“, a déclaré à l’agence de presse Reuters Russell Harrison, responsable des relations avec l’administration pour l’antenne américaine de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers, une organisation professionnelle.
Me Raven juge pour sa part cette politique “contradictoire“. “L’administration agit de la sorte pour dissuader les demandes de H-1B, mais continue d’encourager les étudiants à venir aux Etats-Unis enrichir les universités américaines. Le nombre d’étudiants internationaux baisse aussi car ils savent qu’il ne pourront pas convertir leur visa pour rester ici“.
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Je vais tous vous virer de l’Amérique bande de bobos des Alpages.