Promouvoir le cinéma européen aux Etats-Unis, c’est comme marcher sur un terrain miné. Gustavo Vainstein en témoigne : “Hollywood est une des dernières industrie d’exportation pour les Américains. Ils sont très protectionnistes avec leur cinéma ».
Le président d’Eurochannel se bat pour promouvoir sa chaîne de films et séries exclusivement européens à travers le monde, offrant un choix de plus de 1.200 films par an.
Argentin d’origine, Gustavo Vainstein commence d’abord à travailler pour la radio. Formé par la BBC en Angleterre, il obtient une bourse française et intègre le département des formations à l’INA, où il restera pendant dix ans. Dans un contexte de dictature militaire en Argentine, il trouve dans le Paris des années 70 un espace de liberté d’expression : « Après mai 68, la droite était au pouvoir mais avait laissé le contenu médiatique à la gauche. Tout était permis, on voyait des gens très contestataires ».
Gustavo Vainstein travaille pendant plus de dix ans au sein du réseau câblé français, puis rachète finalement Eurochannel en 2004. Lancée en 1995, la chaîne était contrôlée par une filiale du Groupe Canal+. Créée initialement pour un public latino-américain, la chaîne est basée depuis 2000 à Miami et se développe aux Etats-Unis. Les obstacles sont nombreux : « Ici, les annonceurs nous mettent la casquette de chaîne ethnique. C’est difficile d’atteindre un public d’Américains, car ils ne sont pas culturellement habitués aux sous-titres et préfèrent voir le remake américain d’un film européen qui aura bien marché ».
Mais la chaîne trouve malgré tout une audience, notamment au sein des pôles cosmopolites et culturels, comme Miami, New York et la Californie où la communauté française très implantée. C’est l’une de ses principales cibles, car le cinéma français représente 30 à 40% des diffusions aux Etats-Unis. Diffusée par Dish Network (chaîne n°752) aux Etats-Unis, la chaîne est également disponible dans 28 pays et reçue par 16 millions de foyers dans le monde.« Il y a une palette de cultures, de langues différentes au sein d’une histoire commune. C’est ce qui fait la richesse du cinéma européen, dit-il. On rêve de montrer des histoires différentes de celles que nous propose la télévision traditionnelle ».