Auteur prolixe de plus de 600 peintures, le peintre impressionniste français Gustave Caillebotte (1848-1894) fait depuis le mois d’octobre l’objet d’une exposition itinérante à succès. Intitulée « Gustave Caillebotte : Painting Men » (« Peindre les hommes »), l’exposition commencée à Paris au Musée d’Orsay a déjà attiré plus de 580 000 visiteurs. Présentée au Getty Center à Los Angeles jusqu’au dimanche 25 mai, elle fera ensuite une halte à l’Art Institute de Chicago.
Si plusieurs expositions dédiées à Gustave Caillebotte ont déjà été présentées aux États-Unis (Houston et Brooklyn, Chicago et à Los Angeles), cette nouvelle rétrospective co-organisée par le Musée d’Orsay, le Getty Museum et l’Art Institute of Chicago réunit les plus importants tableaux de figures de Caillebotte répertoriés au monde (environ 70) mais aussi des pastels, dessins, croquis et photographies.
à
l’époque« L’œuvre de Gustave Caillebotte est disséminée dans le monde entier, entre musées et collections privées, en France, aux États-Unis mais aussi en Asie, explique Paul Perrin, co-commissaire de l’exposition pour le Musée d’Orsay, et présent à Los Angeles. Cette exposition événement est la plus importante jamais réalisée sur Caillebotte avec un nombre record d’œuvres exposées et un nombre d’œuvres issues de collections privées très important, à l’image du tableau ‘Rue de Paris, temps de pluie’, qui ne sort pratiquement jamais de l’Art of Institute de Chicago. » Une manière pour le public de découvrir l’étendue du travail de Caillebotte et son talent.
Divisée en huit thématiques, l’exposition commence avec un premier volet « Family Milieu » sur l’environnement familial de Gustave Caillebotte et ses débuts de carrière de peintre. S’y découvrent Le Déjeuner (1876), une scène familiale au réalisme presque photographique, décryptant un instant de la vie parisienne et bourgeoise de l’époque et le célèbre Jeune homme à sa fenêtre, capturant son frère René, à la fenêtre d’un appartement. Une dernière œuvre qui fut acquise en 2021 par le Musée Getty pour la somme record de 53 millions de dollars.
« La thématique masculine est née d’un tableau acquis par le Musée d’Orsay en 2021, ‘La Partie de bateau’ (ndlr pour la somme de 47 millions de dollars via son donateur LVMH) explique Paul Perrin. Cette représentation de l’homme était inhabituelle dans la peinture du XIXᵉ siècle, volontiers moderne à l’image de ce dandy en chapeau et nœud-papillon, à l’allure séduisante et énergique. Caillebotte a surtout peint des hommes, et notre intérêt premier était de comprendre à quoi ressemblait la représentation masculine de l’époque, et dans un milieu bourgeois, à travers le regard d’un peintre épris d’une certaine liberté à s’extraire des visions stéréotypées. » Un parti-pris qui renvoie aussi à des questionnements actuels sur les notions de masculinité et de virilité.
Intitulé « Working Men », le second volet dévoile les hommes en action, travailleurs pour la plupart employés par sa famille, avec en pièce maîtresse, Les Raboteurs de parquets (1877). Suit ensuit le « Modern Paris », période marquée par la transformation haussmannienne de la capitale où Caillebotte réalise le fameux Rue de Paris, temps de pluie.
« Close Friends » marque l’attachement du peintre français pour ses fortes amitiés masculines, des classiques portraits solos ou en groupe (La Partie de bésigue, 1880) jusqu’aux nus, à l’instar de L’homme s’essuyant la jambe (1884). Les deux derniers chapitres « Military Men » et « Sportsmen » dévoilent la fascination du peintre pour l’uniforme, l’homme sportif et le nautisme.
« Une représentation poussée de l’homme qui peut questionner sa sexualité, détaille Paul Perrin. Caillebotte ne s’est jamais marié, mais vivait avec sa compagne Charlotte Berthier, avec laquelle il n’a jamais eu d’enfant. Si les deux étaient proches, on manque de documentation sur la nature exacte de leur relation. » Ainsi, l’héritage de Caillebotte ne revint jamais à Charlotte et fila directement à son frère, Martial. « Si aucune conclusion ne peut être tirée, poursuit l’historien de l’art, Gustave Caillebotte avait bien la vie d’un homme peu ordinaire, à la marge des conventions sociales, vivant un train de vie bourgeois sans être un bourgeois conservateur. Cela rend sa personnalité attachante. Toutes les interprétations sont donc possibles. »
L’exposition s’accompagne de la publication d’un ouvrage catalogue. L’espace boutique a également été entièrement thématisé sur le dandysme du XIXᵉ siècle avec bague-montres, montres à gousset, petite maroquinerie et canotiers.
« Gustave Caillebotte, Painting Men »
Au Getty Center, du mardi 25 février au dimanche 25 mai.
1200 Getty Center Drive, Brentwood.
Ouvert du mardi au dimanche de 10am à 5.30pm
Entrée gratuite, parking 20 $.