Il fût un temps pas si lointain où Guillaume Gauthereau était à la tête d’une entreprise de 150 personnes, a levé 45 millions de dollars et comptait cinq millions de clients. Totsy, start-up new-yorkaise de ventes groupées pour enfants, était considérée en 2012 par Forbes comme l’une des plus prometteuses aux Etats-Unis.
Totsy a depuis été vendue, et un long voyage dans l’Himalaya plus tard, Guillaume Gauthereau a décidé de voler dans une nouvelle direction : celle des abeilles.
Depuis le mois d’avril, celui qui a débuté sa carrière dans le marketing chez Nestlé, a été store manager chez Vuitton et directeur de la filiale américaine de Lalique se prépare à créer un « sanctuaire » pour les abeilles. Un endroit dédié à la protection, à la recherche, au tourisme et à la formation. Une manière de contribuer à la préservation de cette espèce menacée par les pesticides, le réchauffement de la planète et les maladies.
La passion des abeilles, Guillaume Gauthereau l’a attrapée il y a trois ans, lorsqu’il a installé des ruches dans sa maison de campagne, située dans l’Etat de New York. « J’avais lu des choses sur le rôle des abeilles, et j’ai pris des ruches avant tout pour augmenter la production de mes arbres fruitiers. Le miel, c’est la cerise sur le gâteau », explique le Français, qui se dit « fasciné par les colonies d’insectes », et a suivi, upstate, une formation d’apiculteur. Une manière de renouer avec sa formation initiale de vétérinaire à l’école de Maisons-Alfort.
Pour ce projet, il voit les choses en grand. Le New York Bee Santuary, installé dans les Catskills (le lieu n’est pas encore déterminé), ferait 30 hectares et compterait entre 30 et 40 ruches, rassemblées autour de vergers fruitiers. Chacun pourrait assister à des démonstrations, se former à la récolte du miel etc. Une boutique et des bungalows pour y passer la nuit sont également prévus : un projet inédit aux Etats-Unis, selon lui. L’ouverture est planifiée pour le printemps 2015.
« Notre place sur terre est liée à celle des abeilles, qui assurent la pollinisation. Si celles-ci deviennent plus rares, les récoltes des potagers et des arbres fruitiers vont peu à peu disparaître. Une part énorme de l’agriculture est liée à l’activité des abeilles », explique l’entrepreneur de 40 ans, qui a troqué sa chemise de CEO pour un short et des baskets. Et vit, la semaine, dans une colocation à Brooklyn.
Il a investi des fonds personnels dans l’affaire, et dégoté quelques sponsors, comme la société de macarons Mad Mac et Christofle, qui ont organisé, le 17 juillet à New York, un événement pour soutenir le projet.
La petite équipe de Guillaume Gauthereau va lancer prochainement une campagne fundraising, auprès d’entreprises et de particuliers, via Kickstarter. « Nous avons besoin d’au minimum 250.000 dollars pour acheter le terrain et ouvrir le sanctuaire », précise-t-il. Rien d’insurmontable. D’autant que les premiers retours sont positifs.
« Beaucoup d’entreprises sont sensibilisées à la question de la disparition des abeilles, comme Whole Foods, qui a fait une campagne sur ce sujet. »
Toutefois, Guillaume Gauthereau n’espère pas faire tout son miel de ce sanctuaire d’abeilles. Parallèlement, il poursuit un autre projet entrepreneurial, Blue Root Farm, dans le monde de l’agriculture bio et de proximité. Son objectif : créer une ligne de produits artisanaux (soupes, confitures…), et monter un café-boutique à Brooklyn. C’est sûr, on devrait aussi y dégotter quelques pots de miel.