Une actrice avec la renommée de Cate Blanchett peut-elle encore faire “ses débuts” quelque part ? La réponse est “oui”.
L’actrice deux fois oscarisée se produit pour la toute première fois sur les planches de Broadway, dans “The Present”, une adaptation moderne de la pièce d’Anton Tchekhov Platonov, écrite par Andrew Upton (écrivain australien, mari de Cate Blanchett) et mise en scène par John Crowley.
Le pitch : Un groupe d’amis se rassemble dans une jolie maison de campagne en Russie pour fêter le 40ème anniversaire de la belle Anna, veuve depuis peu, et traversant de sérieuses difficultés financières. L’action se déroule dans les années 90.
Un dangereux cocktail de « family drama », de désirs inassouvis et d’innombrables verres de vodka, aboutissent à une scène explosive où Anna, au bord de la crise de nerfs, s’empare d’une arme à feu et menace de tout faire sauter.
L’ouverture
Les lumières du Barrymore Theatre s’éteignent et le rideau s’ouvre sur Anna (Cate Blanchett), se tenant droite au milieu de la scène, regard fixe et déterminé, tenant le public en joue. Ce pistolet, c’est un cadeau d’anniversaire qu’elle vient de recevoir…
On a aimé
Extérieur coquet, maison et meubles blancs, le décor épuré, mais sophistiqué, contraste avec l’intériorité des personnages de la pièce: des êtres torturés, déchirés entre leurs désirs profonds et le respect des conventions sociales.
Extrêmement présente sur scène et dégageant un star power incontestable, même dans les moments de silence, Cate Blanchett explore avec brio la palette des émotions humaines, sa voix porte loin, son jeu vient des tripes, et on en attendait pas moins de l’actrice australienne qui est tout simplement sublime dans ce rôle de femme complexe, brisée par la vie et qui s’ennuie à mourir dans sa maison de campagne (thème cher au dramaturge russe). Tout est en ébullition dans ce personnage que l’on sent constamment au bord de la cassure.
L’acte II se termine d’ailleurs par une véritable explosion, moment visuel fort du spectacle, orchestré à merveille par les artistes son et lumière.
L’adaptation est extrêmement bien rythmée, l’alchimie entre Cate Blanchett et Richard Roxburgh est électrique, et les deux stars sont soutenues par un ensemble d’acteurs solide où chacun a su trouver sa place.
Adapter Platonov était un pari risqué, car l’œuvre de jeunesse de Tchekhov est considérée par la critique comme trop longue, irrégulière et décousue. Pari réussi donc. Le décor est superbe et la pièce étonnamment drôle. On sent d’ailleurs que le metteur en scène a mis l’accent sur le rire. On salue le bon tempo comique.
On a moins aimé
Les thèmes de la pièce sont profonds. Or, le traitement comique de certaines scènes (à l’acte II et à la fin) fait que l’on flirte dangereusement avec la caricature, et certains personnages sont un peu trop « over the top ». Ce que l’on gagne en divertissement est perdu en émotion, et c’est (parfois) dommage.
Niveau d’anglais nécessaire pour apprécier le spectacle : 5/5 (1/5 = débutant, 5/5 = bilingue). Avertissement : la troupe est australienne, et on entend une diversité d’accents sur scène.
Note French Morning : 4/5
Notre astuce : Des “Rush Tickets” sont disponibles pour $45 selon la disponibilité – pour booster vos chances d’obtenir des rush tickets et d’être bien placé, aller voir le spectacle un soir de semaine ou le mercredi à 1:30pm (en effet, les « matinées » sont les moins fréquentées). Se présenter en personne au théâtre, le jour du spectacle, environ 1h avant l’ouverture du box-office. Deux places maximum par personne. Le box-office ouvre à 10am du mardi au samedi (12pm le dimanche). Pas de représentation le lundi.
0 Responses
Tchekhov n’aurait pas ete mon premier choix mais apres la lecture de cet article, j’ai vraiment envie d’y aller.
Merci egalement pour l’astuce des Rush Tickets.
Carl.
Cate Blanchett à Broadway?!
Merci pour l’info et l’excellente critique.
Une bonne astuce à connaitre pour les rush tickets.
Jeremy
Merci pour cette belle revue. Ça donne vraiment envie d’aller voir la pièce !