(Revue de presse) Soixante-dix mille morts. C’est le bilan, terrible, du conflit en Syrie, selon les derniers chiffres de l’ONU.
Si la démission surprise du président de la Coalition Nationale pourrait compliquer leurs affaires, la France et la Grande-Bretagne semblent déterminées à reprendre la main sur ce dossier en levant l’embargo sur les armes, qui les empêchait jusqu’à alors d’armer la résistance. CNN et Time se sont posés la même question cette semaine : qui de la France ou des Etats-Unis prendra le premier les devants en Syrie ?
Les deux médias reconnaissent que la France semble, pour l’instant, avoir un avis beaucoup plus tranché sur la question. CNN cite une source officielle française à ce sujet : “Nous préfèrerions que l’Union Européenne abandonne cet embargo. Mais si cela n’arrive pas, nous serions prêt à prendre nos responsabilités“.
La position américaine semble plus délicate, comme le confirme le site de la chaîne de télévision : “Les Etats-Unis ont offert un appui tacite à certains alliés, comme l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats Arabes Unies pour armer l’opposition. Mais jusqu’à présent, Washington s’est montré prudent sur la question, de peur que ces armes ne tombent dans les mains de djihadistes, qui pourraient les utiliser contre Israël”. L’occasion pour la journaliste d’apprécier l’évolution des rapports de force entre les deux pays: “Les relations entre Paris et Washington étaient autrefois beaucoup plus tendues, en raison notamment du conflit en Irak. Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy, et maintenant de François Hollande, la France entraîne souvent les Etats-Unis dans des conflits armés“.
Le Time semble d’ailleurs se faire l’écho de ses confrères de CNN : “Ce ne serait pas la première fois que la France entraînerait les Etats-Unis dans un conflit. La France a déjà pris les devants en Lybie et au Mali. Au conseil de sécurité des Nations Unies, la France a toujours été le membre le plus remuant sur le dossier iranien”. S’il ne s’agit évidemment pas de désigner un vainqueur, la conclusion du Time semble sans équivoque : “Si l’administration Obama mène désormais “par derrière”, il semble que le pays à suivre est désormais la France“.
Three days in Paris
Plus léger : Ta-Nehisi Coates, journaliste pour The Atlantic, s’est envolé quelques jours en Europe (à Paris, puis à Montreux en Suisse) pour améliorer sa pratique de la langue. Quelques jours avant son départ, il confie son angoisse à ses lecteurs.
“Je n’arrive pas à effacer cette image de ma tête : j’embarque à bord d’un avion. L’avion décolle. Un trou apparaît dans le ciel. L’avion s’y engouffre et disparaît dans quelque chose d’inconnu que les gens appellent plus communément l’Europe. Et que se passe-t-il là-bas ? Est-ce que je peux courir dans les rues ? Est-ce que les gens vont me demander si je connais Kobe Bryant ? Penseront-ils que je suis sarcastique si je dis “vous” à la place de “tu” ?“.
Avant le grand saut, cet Indiana Jones des temps modernes ne semble en tout cas pas très serein. “Je ne sais pas. Je ne sais rien. C’est vraiment effrayant. C’est la partie effrayante, et à la fois exaltante, de l’apprentissage d’une langue. C’est une soumission totale. Tout autour de vous, les gens en sauront plus que vous, sur tout. Et la seule façon d’apprendre est de se plier à cette donnée. Il ne faut même pas penser à parler couramment. Il faut juste accepter sa propre nullité, sa propre ignorance et espérer -de tout cœur-, qu’un jour vous serez moins nul et moins ignorant”.
Et le journaliste de conclure, en français dans le texte, que “ces choses doit être fait”. Les cours de langue ne seront pas de trop.
Masterchef
En s’appuyant sur le succès télévisuel de la franchise américaine “MasterChef” en France, NPR s’est penché sur l’association des Maîtres Cuisiniers de France, un club très sélectif qui réunit la fine fleur de la profession. “A la télévision, des chefs amateurs s’affrontent et le vainqueur a le droit d’ouvrir son propre restaurant. C’est la version hollywoodienne de Masterchef. Mais pour recevoir ce titre en France, les chefs doivent être reçus dans le prestigieux -et très sélectif- club des Maître Cuisiniers de France“.
Amy Guttman, journaliste, sougline l’aspect conservateur de cette confrérie. “Imaginez-les comme les chefs de guerre dans la bataille contre la cuisine fusion (qui vise à mélanger les cuisines de différents pays pour obtenir des saveurs différentes). Leur objectif est d’assurer la relève de la cuisine française traditionnelle. C’est ce qui les rend si spéciaux“.
Les chefs doivent être de nationalité française, avoir au moins 25 ans, pour faire partie de ce groupe. Ils doivent également avoir dix ans d’expérience, deux mentors et patienter jusqu’à ce que leurs aînés jugent qu’ils soient dignes de recevoir ce titre. Il semble plus important pour les Maîtres Cuisiniers de France d’être reconnus par leurs pairs que par le public. C’est Romuald Feger, maître cuisinier qui a grandi en Alsace et exerce aujourd’hui son métier à l’hôtel St Regis à San Francisco, qui en parle le mieux : “Ce n’est même pas une question d’étoiles Michelin… Si nous, chefs, arrêtons de faire ce que nous faisons, nous perdons 2.000 ans d’histoire”.
L’amitié franco-américaine célébrée à Paris
La belle histoire de la semaine est à mettre au crédit du Washington Post. Tom Selldorff vit aujourd’hui à Boston. Il avait six ans lorsqu’il a vu la collection d’art de son grand-père pour la dernière fois à Vienne, en 1903, avant qu’elle ne tombe dans les mains des nazis. Tom Selldorff en a aujourd’hui 84 et, le 19 mars, la France lui a remis une partie de ses tableaux. Cette restitution fait partie de l’effort français de rendre des centaines de pièces dérobées aux juifs pendant la guerre.
Reçu au ministère de la culture à Paris, ce citoyen américain a reconnu être extrêmement “reconnaissant et ému“. “Je voulais être capable de léguer à mes trois enfants et mes cinq petits-enfants une partie de l’histoire volée de mon grand-père. Je voulais transmettre son amour pour l’art. C’est ce qui nous rend humain.“