Sergio Saravia peut respirer. Le jeudi 15 septembre, un juge a décidé de suspendre l’application de la loi interdisant la vente de foie gras dans la ville de New York. Le texte devait entrer en vigueur le 25 novembre. « C’est une très bonne nouvelle mais le chemin risque d’être encore long », estime toutefois le producteur dont la ferme, La Belle Farms, est basée dans le nord de l’État.
Il fait partie des plaignants qui, réunis sous la bannière du Catskill Foie Gras Collective, ont saisi la justice en mai dernier pour faire invalider cette interdiction. Selon eux, elle serait contraire à une règle méconnue de l’État de New York qui empêche les « gouvernements locaux » de restreindre « déraisonnablement » la production agricole dans les zones rurales, sauf en cas de « menace pour la santé publique ». La décision du juge doit permettre aux tribunaux de passer en revue la validité du foie gras ban new-yorkais adopté en 2019 par le conseil municipal. Un processus qui va prendre du temps.
De quoi offrir un répit à Sergio Saravia et à l’autre producteur de la Hudson Valley, Hudson Valley Foie Gras. « Cela aurait été dévastateur pour notre entreprise – le foie gras représente un tiers de notre business -, mais aussi pour notre ville et notre comté, qui bénéficient des retombées économiques de notre activité. Sullivan County, où nous nous trouvons, est le deuxième comté le plus pauvre de l’État de New York », explique l’entrepreneur. Il estime que cent emplois auraient été détruits par l’interdiction.
Depuis son adoption en 2019, cette dernière a fait l’objet de débats animés entre militants de la cause animale, restaurateurs, agriculteurs et élus. Ses défenseurs mettent en avant le caractère inhumain des techniques de gavage qui entrent dans la production du plat, tandis que ses opposants affirment que ces méthodes cruelles n’ont plus cours et que leur activité est strictement encadrée par les autorités.
Quelle que soit la décision finale de la justice, les deux camps s’attendent à ce que le combat se prolonge. « Difficile de donner un calendrier. Il y aura des appels d’un bord comme de l’autre en fonction des jugements, avance Sergio Saravia. On ne peut pas se permettre de perdre. C’est une question existentielle pour nous ».