Les éditorialistes américains, un temps déstabilisé par l’activisme sarkozyen, ont retrouvé la France qu’ils aiment: frondeuse, gréviste, émeutière. Geraldine Baum, du Los Angeles Times, parle «d’une sorte d’arche de Noé d’agitation sociale», les diverses grèves qui ont perturbé le pays ces dernières semaines sont, selon elle, «avec les agents des transports publics, les fonctionnaires, les professeurs, les infirmières, les buralistes, les contrôleurs aériens, les pêcheurs et même les machinistes»,«le cocktail français par excellence».
Avec «un gouvernement cherchant à faire bouger les choses, des syndicats descendant dans la rue, une opinion publique ralliant les syndicats et un gouvernement qui cède», “Novembre noir” s’inscrit dans cet «éternel schéma, qui conduit la politique nationale depuis plusieurs décennies».
La journaliste lie le passé révolutionnaire français aux problèmes auxquels fait aujourd’hui face le pays, mais souligne que «cette fois, quelque chose à changé», «les Français ne sont plus d’humeur à crier “vive la révolution!”».
Le Wall Street Journal, après avoir la semaine passé considéré que les évènements de banlieue soulignaient la dispersion de Sarkozy (qui, occupé à d’autres chantiers n’avait pas tenu ses promesses aux banlieues) a confié la tâche de déconstruite le “modèle français” à un Français: c’est Guy Sorman qui s’y colle avec application en dénonçant l’appartheid à la française. “Nos banlieues ressemblent plus à Soweto qu’à Paris (…). Nous vivons dans une société discriminatoire dans laquelle une ligne invisible sépare les {“insiders” des “outsiders”“}.
“Les émeutes (…) nous le rappellent: le Sarko show ne fait pas d’effet auprès d’un public crucial: les jeunes des banlieues”, souligne Time Magazine.
Dans la réponse “ferme” de la police française aux émeutiers de Villiers-le-Bel, la presse conservatrice voit une raison de plus d’admirer “‘Kozy” comme l’appelle désormais systématiquement le New York Post, qui sur-joue l’amour fou. “Le message à tout apprenti émeutier: “ne cherchez pas “‘Kozy” (“Don’t mess with Kozy”. Contrairement aux gouvernements précédents, “Sarkozy a tenu bon et le syndicat, réalisant qu’il ne pouvait passer en force, a sauté sur un compromis”.
Même la campagne pour la présidentielle américaine de 2008 est gagnée par le Sarkozysme… Rudolph Giuliani, qui a souvent servi de modèle à Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’intérieur, est devenu a son tour le plus sarkophile des Américains. Dans un discours aux étudiants de Durham (New Hampshire), il a multiplié les références au “travailler plus pour gagner plus” du président français, demandant même aux jeunes gens de lire “Testimony”, le livre autobiographique de Nicolas Sarkozy, paru aux Etats-Unis.
Beaucoup moins tendre est John Merriman, professeur d’histoire à l’Université de Yale et spécialiste de la France, qui répond à une interview pour le journal de l’université, le Yale Herald. «Sarkozy est intelligent mais c’est un électron libre. Il est impétueux.
Il a clairement annoncé que l’américanisation de la France était le chemin à suivre.
Lors des élections, Sarkozy a joué sur les peurs des français lambda, “blanc”, pour capter leurs votes. Il a fait du racisme quelque chose de respectable. Le triptyque Liberté, Egalité, Fraternité est un principe qui devrait également signifier chance.» Et conclut en affirmant que « dire qu’il ne s’agit pas d’une crise sociale est tout simplement absurde”».
Enfin si le “french bashing” est désormais un souvenir, une de ses manifestations les plus vives en 2003-2004, à savoir les accusations d’indécrotable anti-sémitisme français n’ont pas disparu. Le NY Sun nous informe que “la vie des juifs en Europe est intolérable”.. Citant la France, mais aussi l’Angleterre, l’Allemagne et la Belgique, un élu démocrate de l’assemblée de l’Etat de New York envisage rien moins que de demander le “statut spécial de réfugié” pour les juifs d’Europe de l’Ouest. La plupart des organisations juives s’y opposent et l’une d’entre elle cite même “l’arrivée de Sarkozy au pouvoir comme un exemple de changement positif”.
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Décidément, nos chers chroniqueurs se sont encore plantés dans leur analyse. Nous y sommes habitués.