“On va faire ce qu’on fait de mieux à Greenport: improviser” . Le maitre de cérémonie ne se laisse pas impressionner. La personne qui devait chanter l’hymne américain, lors de la réception d’accueil de l’Hermione dans cette petite ville aux confins du Long Island, n’est pas là: les embouteillages ont frappé. Alors, il réquisitionne le responsable du groupe des commerçants locaux pour entonner Star Spangled Banner.
C’est dans ce village souriant, niché entre l’océan chatoyant et les vignes, que l’Hermione a jeté l’ancre, lundi matin. Après New York le mastodonte, le changement de décor est radical: pelouses soigneusement taillées, devantures colorées, accolades entre voisins et viellards qui contemplent le temps qui passe au bord de l’eau… Greenport, port de 2.200 âmes, où marins-pêcheurs et spécialistes du monde marin se côtoient, a tout de la petite ville américaine parfaite.
Peter Clarke, descendant d’un colon français et responsable du Business Improvement District de la ville, a participé à l’organisation des festivités:
L’Hermione originale n’est jamais passée à Greenport, même si elle a livré des batailles non loin. Mais ce village, qui a prospéré grâce à la chasse à la baleine au XIXème siècle, voulait l’accueillir dans le cadre du festival Tall Ships of America, vitrine de vieux gréements. Ce lundi, l’Hermione était amarrée au côté de cinq autres spectaculaires navires.
A quai, une longue file d’attente de curieux venus en famille ou entre amis s’est formée le long des docks. Par-ci par-là, des drapeaux français, des drapeaux américains… Plusieurs dignitaires sont là: le maire de Rochefort Hervé Blanché, le consul de France à New York Bertrand Lortholary et les responsables de l’association des Amis de l’Hermione-La Fayette en Amérique.
David Bergson est marin:
“Les familles de Greenport se sont retrouvées pour l’occasion. Il y a eu des fêtes, beaucoup de champagne dans les jours passés, témoigne Michèle Roustan, un Française qui vient souvent à Greenport.
Le maire de la ville George Hubbard Jr. , élu en mars, fête son premier Tall Ships Festival (la précédente édition à Greenport avait attiré 60.000 personnes en 2012).
Sur le dock qui s’élance vers Shelter Island, un gabier qui accueille les visiteurs à côté de l’Hermione galère. “A partir du moment où personne ne me parle anglais, c’est bon” sourit-il. Malheureusement pour lui, la file est tellement longue que les responsables du navire souhaitent que l’équipage aille leur faire la conversation pour les faire patienter.
A bord, d’autres matelots profitent du déjeuner pour s’offrir une pause clope au niveau inférieur. Au-dessus de leurs têtes, les badauds affluent. Parmi eux, Chris et Mary, deux Américains du coin. Le premier, fin connaisseur de bateaux, admire la manière dont le poulailler a été reconverti en espace de stockage. Et la ferronnerie. “Il n’y a que les Français qui pouvaient faire des choses aussi belles” , glisse-t-il.
“A l’heure où tout le monde veut aller vite, des navires anciens comme l’Hermione nous rappellent ce que c’était de prendre son temps, de ne pas être à l’heure” .
Au East End Seaport Museum, vitrine de l’histoire maritime locale avec ses spectaculaires lumières de phares et ses maquettes de navires, on a sorti le drapeau français.
“L’Hermione chez nous, c’est Noël avant l’heure, lâche sa responsable, la pétillante Lynn Summers. L’histoire de La Fayette nous touche car les idéaux que nous, Américains, aurions dû défendre ont été soulignés par un Français. Il est venu de lui-même pour nous aider. C’est une histoire magnifique, qui reste très actuelle” .
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Le maire de NY ne s’est pas déplacé pour accueillir l’Hermione !