La protection de l’environnement, c’est une affaire de gouvernements et de grandes entreprises, mais aussi de citoyens ordinaires qui veulent faire une différence. François Servranckx l’a compris.
Le Français a lancé Green Gooding, une entreprise de location d’appareils électro-ménagers d’occasion qu’il opère depuis les locaux de Maison Jar (566 Leonard St), un magasin en vrac dans son quartier de Greenpoint. Le principe : il rachète ou récupère des accessoires pour les louer à petits prix aux particuliers qui en ont besoin. Il cible notamment les équipements qui ont une utilité ponctuelle ou saisonnière : friteuses à air, machines à glace et, oui, des appareils à raclette notamment…
« Comme beaucoup de gens de ma génération, je suis très sensible aux questions environnementales. Je suis plutôt un optimiste. Je pense qu’il y a plein de solutions qui vont dans le bon sens », raconte François Servranckx, assis à côté des étagères truffées d’équipements à louer dans l’entrée de Maison Jar. « Toutefois, en matière de consommation, nous vivons dans un paradoxe : on est sensibilisé à l’impact de nos actions sur l’environnement, mais, en parallèle, on continue à nous bombarder de demandes et de publicités pour acheter toujours plus. Au bout d’un moment, on accumule plein de produits qui ne tiennent pas longtemps, qui cassent, qu’on ne peut pas faire réparer. La réalité, c’est que tout ça finit dans les décharges car le recyclage n’est pas complètement au point. »
Cela fait « plusieurs années » que cet ancien de Médecins sans frontières, qui travaille dans le domaine des investissements responsables (ESG), s’intéresse à l’économie circulaire et à la possibilité de ré-utiliser ou d’allonger la durée de vie d’objets usagés. Il a d’abord envisagé de lancer un « Repair Café », site où chacun peut apporter un appareil à retaper, dans le domaine électronique, mais l’initiative est tombée à l’eau.
Inspiré par Kazoo, une entreprise en France, il décide de se rabattre sur la location d’accessoires électro-ménagers. « L’idée est très pertinente dans une ville comme New York parce qu’on n’a pas beaucoup de place. On a tous des cuisines très petites ! Cela permet également de ne pas avoir à acheter des équipements et de les stocker », reprend-t-il. En juillet, il démarre son opération avec du matériel du cuisine, mais s’aperçoit que des objets de nettoyage peuvent aussi intéresser la clientèle de Greenpoint.
Comment ça marche ? Il faut se rendre sur le site internet de Green Gooding (ou en personne à Maison Jar) pour sélectionner l’appareil voulu et la durée de la location. Coût minimum : dix dollars. Il faudra ensuite passer le chercher à Maison Jar. La sélection actuelle comprend une machine à gaufres, un nettoyeur de tapis, un presse-agrumes, des appareils à raclettes… Tout a été acheté par François Servranckx en ligne ou auprès de particuliers qui l’ont approché. « On cherche des objets qui peuvent marcher en location, dit-il. En terme de logistique, il faut qu’ils soient assez costauds, mais pas trop lourds et encombrants. Sinon, cela sera trop dur à transporter ».
La petite affaire compte une centaine de clients. François Servranckx sent que le concept a du potentiel. Son système de location pourrait être étendu aux produits pour enfants (jouets, poussettes…) et aux outils, par exemple. En créant Green Gooding comme une entreprise et non une association à but non lucratif, il veut d’ailleurs démontrer qu’ « il y a un modèle économique » derrière l’initiative. « Je veux prouver que des gens comme moi peuvent lancer ce type de projets, où qu’ils soient, et gagner leur vie ». Tant qu’ils proposent des machines à raclette, ils peuvent compter sur le soutien des Français !
Le site de Green Gooding