Edouard Courtial occupe un poste difficile. Quand on retire ceux qui pensent que son Secrétariat d’Etat ne sert à rien, ceux qui voient en lui en chasseur à voix au service de la majorité et ceux, en France, qui pensent qu’il représente deux millions d’exilés fiscaux, il ne lui reste plus beaucoup de soutiens. Pour ne rien arranger, Mr Courtial a connu une entrée en fonction difficile à la suite de la révélation qu’il avait, député, co-signé une proposition de loi visant à déchoir de leur nationalité les Français non-imposés en France.
Mais « le jeune loup » de l’UMP comme il est décrit dans la presse veut montrer qu’il est au travail. Le nouveau secrétaire d’Etat chargé des Français de l’étranger a refermé vendredi son premier déplacement américain depuis sa nomination. Non, il n’est pas là pour faire du pied aux électeurs français à l’étranger – « dans mes déclarations publiques, il n’y a aucun mot de travers, aucune ambiguïté ». Et non, la polémique autour de la co-signature du sulfureux texte de loi ne le décrédibilise pas. «La réalité, à travers ces déplacements (…), c’est que seules une ou deux personnes m’en ont parlé». Polémique dont il se sort par une habile pirouette en faisant référence à la création d’onze sièges de députés de Français de l’étranger voulue par Nicolas Sarkozy : «S’il y avait eu des députés des Français de l’étranger à l’Assemblée comme il y a des sénateurs des Français de l’étranger au Sénat, la proposition de loi n’aurait même pas passé le stade de la rédaction car on aurait alerté l’auteur en disant : ‘attention, tu ne mesures pas la totalité de ce que tu as écrit’»
Des lenteurs dans la mise en place de la gratuité
Deux thèmes – éducation et économie – étaient au centre de ses visites et réunions de travail à Boston, Washington, New York, la Nouvelle-Orléans et Houston.
Sur le front de l’économie, il a appelé les Français de l’étranger à aider le gouvernement à faciliter l’exportation de produits et les investissements américains en France et français aux Etats-Unis. Sur l’éducation, il a reconnu des lenteurs dans la mise en place de la gratuité universelle (ou PEC pour « prise en charge ») pour les enfants de nationalité française scolarisés dans les établissements français à l’étranger. En effet, la mesure voulue par le candidat Sarkozy en 2007 ne concerne aujourd’hui que les classes de Seconde, Première et Terminale. Son application a été mise entre parenthèses en raison de son coût. Selon le rapport parlementaire Joissains-Colot de novembre 2010, ce dernier ne serait pas aussi élevé que pensé, mais le même rapport estime qu’il augmentera dans les années qui viennent (3.600 euros par élève en 2007-08 contre 4.838 euros en 2017-18) à cause de la hausse des frais d’écolage et des effectifs d’élèves.
Pour autant, Mr. Courtial refuse de parler d’échec. « On n’avance pas au rythme que l’on souhaiterait compte-tenu de l’état de nos finances publiques mais les principes sont posés avec tous les bénéfices reçus pour nos compatriotes, affirme-t-il. On va avancer. Ca va être une question de rythme. » Et d’élections.