Deux hommes marchent au milieu d’un désert aride . “Ils étaient éclaireurs, des gens qui vont là où personne ne connaît rien” . Aujourd’hui, Sarah Leonor est un peu comme les personnages de son film, “The Great Man”, qui sort le vendredi 14 août au Lincoln Center de New York. Pour la première fois, un film de cette réalisatrice française sera montré dans une salle new-yorkaise.
Le pitch: deux soldats de la légion étrangère rentrent à Paris après avoir servi en Afghanistan. L’un est blessé et passe plusieurs semaines à s’en remettre. L’autre, père d’un petit garçon, se voit refuser la nationalité française. Une nouvelle qui a l’effet d’une bombe. Sans trop insister sur les problèmes de stress post-traumatique, Sarah Leonor effleure les difficultés que peuvent constituer un changement brutal d’environnement. “Il y a l’idée de chercher à définir ce qu’est l’héroïsme. Je présente des héros du quotidien, moins spectaculaires, moins ambitieux. Mais qui constituent le cœur de la vie de tous les jours” .
La bande-annonce:
Pour qu’elle puisse présenter ses héros à New York, il aura suffit que deux programmatrices du Lincoln Center découvrent le film au Festival International de Toronto. Et que le distributeur François Scippa-Kohn décide de l’accompagner. Une chance pour la jeune réalisatrice qui ne doute pas que le film pourra trouver son public :” The Great Man aborde la question de la guerre, du retour des soldats et de leur vie après la mission. C’est un sujet qu’on traite finalement assez peu en France mais auquel les Américains sont particulièrement sensibles“.
Jérémie Renier et Surho Sugaipov excellent en légionnaires déroutés et le petit Ramzan Idiev, du haut de ses 13 ans, tire lui aussi son épingle du jeu. Trois hommes qui donnent au titre du film tout son sens. “Le spectateur se demande toujours qui est le grand homme. Mais en fait le grand homme c’est les trois réunis. Ce titre fait référence à L’Épopée de Gilgamesh qui a pour sous-titre ‘L’homme qui ne voulait pas mourir’. Chacun des trois personnages est un grand homme. Et il ne l’est que parce que l’autre est là. »
Comme une rengaine, une musique accompagne les personnages tout au long de leur histoire. Elle s’installe, prend la place et berce les spectateurs jusqu’aux dernières minutes du film. Un moyen de couper avec le reste du monde, de créer un climat étrange, d’exacerber une situation douloureuse : celle d’un homme qui a donné sa vie pour un pays et se voit rejeter par celui-ci.