“Pour attirer l’attention à Los Angeles, il nous fallait une tête d’affiche”, souligne Sylvain Taillet, le directeur de la programmation du festival, également directeur artistique chez Barclay. Et comme tête d’affiche, OohlaL.A. a visé le trio internationalement connu des Gotan Project.
Cette année, l’accent est mis sur l’éclectisme. “En 2009, nous avions réunis tous les groupes dans une seule et même salle de concert”, indique Sylvain Taillet, “mais nous avons réalisé que certains groupes moins connus n’attiraient pas autant que les grosses pointures comme Sébastien Tellier.” Le festival version 2010 aura donc lieu dans trois salles de tailles différentes et fera pour la première fois escale à San Francisco.
Outre Gotan Project, le programme d’OohlaL.A. cette année tournera autour de Sébastien Tellier, El Hijo de la Cumbia, Revolver, The Bewitched Hands on the Top of our Heads, General Elektriks, Acid Washed, Kavinsky et Turzi.
La première soirée aura lieu jeudi 30 septembre au El Rey Theater avec le génie de la pop synthétique Sébastien Tellier. L’artiste aux lunettes noires, cheveux longs et à la barbe mal taillée refait son apparition, après avoir été la tête d’affiche lors du festival en 2009. “Il nous prépare quelque chose de différent”, précise Sylvain Taillet, “il prévoit de revisiter son répertoire et de faire des réarrangements acoustiques.” Sébastien Tellier, dont l’album Sexuality sorti en 2008 a fait un tabac, sera précédé cette soirée-là d’autres artistes du label Record Makers, qui fêtera alors ses 10 ans d’existence : le duo Acid Washed, Turzi et ainsi que Kavinsky, dont la musique évoque les sonorités analogiques de l’électro de Detroit.
Le vendredi 1er octobre, dans la petite salle du Spaceland à Silverlake, est placé sous le signe de la découverte avec les groupes Revolver et The Bewitched Hands on the Top of our Heads. Pour seulement 15 dollars, il sera possible de savourer la “pop de chambre” du trio Revolver, dont ce sera le premier concert aux Etats-Unis. The Bewitched, originaires de Reims, proposent quant à eux un mélange de psyché-folk et d’indie-rock : “c’est un collectif néo-hippie de folkeux à barbes influencés par Neil Young“, ajoute Sylvain Taillet.
La troisième soirée, OohlaL.A. met le paquet au Nokia Theater, une salle de concert de 2200 places en plein centre de Los Angeles avec Gotan Project, un groupe que l’on ne présente plus et qui rencontre un succès international depuis la sortie en 2001 de leur premier album, La Revancha del tango. En 2010, ils sortent leur troisième album, Tango 3.0, où le trio franco-suisse-argentin a utilisé pour la première fois des cuivres et donné une couleur plus blues à son univers. Un groove subtil où se croisent bandonéon, harmonica, violon, boucles électro mêlés à la voix de l’Argentine Cristina Vilallonga.
Egalement au programme cette soirée, le groupe General Elektriks, dont le leader RV Salters est installé à San Francisco. General Elektriks est connu pour tout donner sur scène. Avec des compositions puisant dans la pop, la soul, l’electro et le hip-hop, ces bidouilleurs de sons aux influences multiples sont friands de claviers, synthétiseurs et autres instruments vintage improbables.
Enfin, Gotan Project présentera un groupe d’origine argentine qu’il produit, El Hijo de la Cumbia, qui revisite la cumbia, cette musique traditionnelle colombienne, avec des accents électro. Le lendemain dimanche 3 octobre, Gotan Project et General Elektriks se produiront au Warfield à San Francisco.
“La clef de notre succès, ce sont nos partenaires sur place”, indique Sylvain Taillet. OohlaL.A. est en effet produit par le tourneur GoldenVoice, créateur du Coachella Music and Arts Festival, ainsi que par le directeur de la programmation musicale de la radio indépendante KCRW, une radio à la pointe des tendances musicales actuelles à Los Angeles. “C’est important d’avoir des partenaires sérieux aux Etats-Unis, car cela nous donne une crédibilité vis-à-vis du public américain qui nous découvre”, explique David Martinon, le consul de France à Los Angeles, qui parraine l’évènement.
“Le but du festival, au-delà de faire plaisir à la communauté française, c’est de lancer ces jeunes talents aux Etats-Unis”, ajoute le consul, qui se félicité d’être parvenu à l’équilibre financier dès la première édition du festival. “Notre retour sur investissement, c’est le rayonnement de la France à l’étranger, et on ne va pas se plaindre de donner un coup de pouce à l’industrie musicale française”, souligne-t-il.
Reste qu’aucun des groupes présentés à OohlaL.A. ne chantera en français. Rançon du succès aux Etats-Unis? Les organisateurs reconnaissent que c’est un sacrifice nécessaire : “le public américain est curieux mais jusqu’à un certain point”, tempère Sylvain Taillet.