Surgissant du côté cour et traversant la scène surplombée par les balcons centenaires, Erik Chol a délaissé son pantalon de chantier pour le costume-cravate.
Contrairement aux apparences, le nouveau propriétaire du Globe Theater à Downtown n’est pas dans la représentation, mais dans l’action.
Pour reprendre et réinventer un lieu tel que le Globe, ce Parisien de 49 ans a mis la main à la pâte. “Je me suis fait cette cicatrice en peignant le plafond“, s’amuse-t-il à dire en nous montrant sa main de bricoleur. “Je ne suis pas né avec une cuillère en argent dans la bouche”, ajoute cet autodidacte qui s’est investi sans relâche dans ce projet gargantuesque.
L’hiver dernier, le Globe, nom conservé en référence au théâtre de Shakespeare, renaissait de ses cendres pour devenir “un théâtre du XXIe siècle”. Une nouvelle salle dédiée à des concerts, des soirées et autres manifestations.
Un coup de foudre
L’histoire entre Erick Chol et le Globe a débuté en 2013. “En arrivant à Los Angeles, j’ai cherché un business. En deux ans, j’ai visité une cinquantaine d’affaires.” Exigeant, il tombe sous le charme du Globe, ce théâtre construit en 1913 qui a vécu plusieurs vies, puisqu’il fut tour à tour le siège d’un journal, un squat et une boîte de nuit.
Erik Chol signe le contrat de location en 2013. “Downtown sortait à peine de l’ombre. J’y ai cru car c’est l’âme de LA. Aujourd’hui le quartier explose”, lâche-t-il.
Les démarches administratives sont longues, ce lieu étant classé au patrimoine historique. Plusieurs mois de travaux ont été nécéssaires, ainsi que plusieurs millions de dollars.”Nous voulions polir et lustrer ce joyau.” L’entrée d’origine a été reconstruite, revêtant les mosaïques originales; la scène, les peintures, les moulures rénovées.
“Ce lieu a un siècle d’histoire. J’aime ce qui est authentique et qui a une âme. Rendez-vous compte, Charlie Chaplin, était assis à l’un des balcons lors d’une représentation“, raconte-t-il.
Le Globe répondait aux ambitions d’Erik Chol. “Je cherchais un endroit sans limites, où l’on puisse aussi bien organiser des concerts, des spectacles, des fêtes privées, des défilés, des mariages. Ce lieu a la configuration pour être spectaculaire“, avoue celui qui refuse d’assimiler le Globe à une boîte de nuit. “C’est un complexe événementiel.”
Erik Chol a mis toute sa fougue dans ce concept qu’il décrit comme “européen et novateur“. Le lieu propose une programmation éclectique, mélangeant dans une même soirée un spectacle de cabaret et un DJ pointu en deuxième partie.
“Je faisais la même chose en France. J’aime faire les choses de manière décalée“, avoue cet avant-gardiste. Le succès est au rendez-vous, l’anniversaire d’un label ayant rassemblé jusqu’à 2 500 personnes.
Un western à la sauce californienne
Erik Chol n’est pas un novice dans le milieu de la nuit. Il peut se targuer d’avoir 32 années d’expérience, en particulier dans les bars et clubs de la région parisienne. On peut même dire qu’il est tombé dans la marmite quand il était tout petit, ses parents ayant tenu un “dancing” dans le Nord-Pas-de-Calais.
Las de la vie parisienne, il a décidé de tout quitter avec sa famille, en 2007. “Nous avons voyagé en Asie, en Europe, dans les îles, avant de poser nos valises à Los Angeles en 2010. On s’y sent chez nous”, affirme-t-il. “Ce n’est pas un pays pour timides, mais pour les businessmen. Le rêve américain est accessible, mais en travaillant 18 heures par jour, 7 jours sur sept.”
Erik Chol pense déjà à revenir sous les feux de la rampe avec un nouveau projet: un boutique-hôtel de 110 chambres, dans l’immeuble au-dessus du Globe.
Son défi : trouver un investisseur. Pas le temps d’épiloguer sur le sujet, il est attendu pour une réunion. L’entracte est terminée. Erik Chol se retire, mais cette fois côté jardin.