“Ce sont les mêmes choses que je fais à Paris depuis 17 ans.” Gilles Bensemoun, 42 ans, a changé de décor mais il a gardé le savoir-faire. Ce Français a exporté son imprimerie parisienne Magenta Color à Los Angeles, qui a ouvert au 1er août dans le quartier d’Arts District.
Il n’a pas toujours été expert en impression. Une carrière plus prospère s’était offerte à ce membre de la famille Partouche, propriétaire de nombreux casinos en France. Dès son plus jeune âge, il a occupé divers postes dans les casinos du groupe, dont celui de croupier, avant de finir directeur d’un casino à 25 ans. Mais cette vie toute tracée l’a vite ennuyé. Il a alors décidé de rejoindre son frère à Paris, Lionel Bensemoun (le petit-neveu du fondateur des casinos Partouche qui a notamment dirigé le Baron à Paris). Ensemble, les frères deviennent des références dans la réalisation des dépliants pour les soirées. Mais Gilles Bensemoun veut aller plus loin. En 2000, il décide alors de lancer son imprimerie, Magenta, suivie d’une deuxième quelques années plus tard.
Cette affaire devient très vite rentable et confortable. Or, le Parisien a besoin de changement. “Cela faisait 10 ans qu’avec ma femme et mes enfants, nous voulions nous installer à Los Angeles. Nous avions l’habitude d’y aller en vacances, d’autant que j’y ai de la famille”, raconte-t-il. Une annonce envoyée par sa cousine, en mai dernier, pour reprendre une affaire à UCLA, relance cette envie. Même si cette vente ne s’est pas conclue, l’autodidacte a décidé de rester, vendant une partie de ses parts de l’imprimerie parisienne à ses associés, afin de monter sa propre imprimerie à Los Angeles, avec 280.000 dollars.
Un décalage professionnel
Aux Etats-Unis, il est confronté à un milieu très différent, peuplé d’ateliers à l’ancienne proposant de la dorure, et ayant suffisamment d’employés pour proposer du ‘fait main’. “On me demande du gaufrage et de la dorure, il va falloir que je m’équipe”, admet Gilles Bensemoun. Face à cette concurrence, il propose des impressions digitales avec une machine dernier cri.
Mais les différences ne s’arrêtent pas là. “Les clients sont fous, ils veulent la lune. L’un d’eux m’a de construire un mur pour que les passants se prennent en photo devant”, cite-t-il en exemple.
Malgré quelques ajustements, l’imprimerie a bien démarré, grâce au soutien de la communauté française et du voisinage industriel d’Arts District. Il a notamment imprimé la communication de l’Ice Cream Museum et des cartes de visite pour Hyperloop, l’entreprise innovante d’Elon Musk. Le Parisien, d’origine marseillaise, produit principalement des catalogues et des brochures de galeries, de marques de vêtements et de cosmétiques… “Notre spécialité, ce sont les impressions de haute qualité, imprimées à des centaines d’exemplaires.”
Gilles Bensemoun a aussi choisi d’innover et d’accueillir des expositions dans ce lieu insolite, comme celle du photographe Rémy Tortosa, quelques temps avant l’ouverture. Il compte continuer à se diversifier en imprimant des tee-shirts. De quoi ne plus se lasser.