Avant de voir la vie en roses, Gil de Bassan avait une autre vie. Originaire du Nord, ayant fait ses études à Tours, installé à Toulouse depuis 25 ans, il a passé des années dans la publicité et la communication. Un beau jour, il a décidé de « décrocher tout doucement et tenter le jeu de l’artiste ».
Mais comme d’autres, il s’est retrouvé en manque d’inspiration. « Je suis tombé en panne », confie-t-il. Après plusieurs mois vierges, il retrouve l’envie grâce à un ami. « Il m’a mis un masque sur les genoux, m’a tendu un crayon, et m’a dit : vas-y, fais-moi quelque chose. J’ai commencé à crayonner, effacé, recommencé, effacé de nouveau. Puis, d’un coup, je fais une rose, puis une deuxième, puis une troisième. Au final, je remplis ce masque de roses. Il partira finalement à Art Basel Hong-Kong pour une vente aux enchères ». C’était en 2012.
Depuis, il n’a pas arrêté de faire des roses. Gil de Bassan a commencé par une dizaine de tableaux, puis a continué hors de son atelier. « Cela faisait 2-3 ans que je voulais m’exprimer dans la rue ; j’ai touché un peu aux pochoirs, mais j’ai passé l’âge de me faire courir après par la police ! ». Il en est venu aux vitrines, en sollicitant les commerçants indépendants, de manière gratuite, et ainsi « fleurir la ville, tout en me faisant connaître et en marquant mon identité graphique ». Après une trentaine de roses à Toulouse, puis une quinzaine à Albi et une dizaine à Avignon, l’artiste s’est souvenu d’Art Basel au moment opportun. Ses roses devant bénéficier d’une température minimale de 23°C pour que l’acrylique sèche rapidement, et l’hiver approchant, il a pris la décision de venir à Miami, pour « roser la ville et Art Basel », jusqu’au 18 décembre.
A raison d’environ deux roses par jour, Gil de Bassan a déjà peint une trentaine de roses à Miami Beach, Midtown, Wynwood, Downtown Miami, et aussi du côté de la Calle Ocho (dont une juste à côté d’une œuvre de Banksy, en clin d’œil à sa performance récente d’une œuvre par jour à New York). « Beaucoup de restaurants, de bars, quelques coiffeurs et ongleries, des boutiques de vêtements aussi », bien qu’il collectionne « avant tout, des refus, même si l’idée est toujours bien reçue ». Ainsi, ce sont chaque jour davantage de vitrines qui bénéficient du talent du peintre qui vient fleurir leur devanture en 30-45 minutes, toujours en trois tons (clair, moyen, foncé).
De retour en France à la mi-décembre, de nouvelles tournées de roses l’attendent à Nice, Cannes, Biarritz, et l’Espagne peut-être. Ensuite, l’artiste regagnera son atelier pour continuer son œuvre en gardant « les roses comme un refrain, un leitmotiv », et en conservant un contact fréquent avec la rue pour « parler avec les gens, savoir comment c’est ressenti, davantage que lors du vernissage en galerie où, ce jour-là, tout le monde est gentil avec toi ! ».