Les audaces de ce Belge né à Gand en ont fait l’un des plus réputés -et des plus controversés- directeurs d’Opéra du monde. Gérard Mortier quittera l’Opéra National de Paris en 2009 pour prendre la direction du New York City Opéra, une institution beaucoup plus petite et qui vit dans l’ombre de son voisin du Lincoln Center, le Metropolitan Opera.
Gérard Mortier sera atteint en 2008 par la limite d’âge de 65 ans et devra donc quitter la Bastille. Il rejoindra alors New York à temps plein. D’ici là, il partagera son temps entre Paris et New York, où il passera une semaine par mois.
Pour le City Opera, qui cherche à renforcer son image d’innovateur, l’arrivée de Mortier est un joli “coup” qui est né au printemps dernier, pendant un dîner au consulat de France à New York. Susan Baker, présidente du conseil d’administration du New York City Opera (NYCO) et Gérard Mortier ont fait connaissance. “Nous cherchions quelqu’un capable de mettre en place un programme innovant (…) qui nous permette de nous distinguer de ce qui se fait de l’autre côté de la place…”, commente Susan Baker. “Son expérience est adaptée à notre tradition avec des productions novatrices d’œuvres classiques ou contemporaines”.
Pour une institution qui veut faire parler d’elle, Gérard Mortier était sans doute le candidat idéal. Du Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, en tre 1981 et 1991 au festival de Salzburg où il a succédé à Herbert Von Karrayan, il s’est fait une habitude de secouer les conservatismes du monde de l’opéra. En 2001, sa dernière production à Salzburg, Die Fledermaus de Johann Strauss impliquait un dealer de drogue, un nazi et des enfants incestueux d’Einstein…
“Le choix du NYCO est la bonne décision au bon moment de ma carrière, estime Mortier dans un communiqué publié mardi. Tout a changé depuis le 11 septembre et les institutions d’opéra doivent également penser leur propre nécessité dans un nouveau monde globalisé. Dans ce sens, j’espère servir la communauté new-yorkaise grâce à ma conviction que l’opéra est une forme d’art qui ré-hausse les émotions et peut donc rester populaire plutôt que devenir populiste”.
Le premier acte de Gérard Mortier sera de mettre fin à la quête immobilière du NYCO qui se cherche une nouvelle salle depuis des années. Lui a décidé de rester au Lincoln Center, tout en prévoyant des spectacles dans d’autres salles de la ville. “J’aime travailler avec ce que j’ai” explique-t-il au NY Times.
Mais le même New York Times l’avertit aussi des challenges: de ce côté ci de l’Atlantique, il devra aussi faire ses preuves comme fund raiser, une activité qu’il ne connaît pas à la tête de l’Opéra de Paris, qui tire les deux tiers de son budget de subventions publiques.