Porter des chaussures identiques, c’est tellement ennuyant. Tel est l’avis de Daphné et Christelle Debauve, deux sœurs jumelles bruxelloises.
Ensemble, elles ont lancé l’été dernier la marque de baskets pour enfants George&Georgette. Le concept: les deux chaussures portées ne se ressemblent pas. Chacune a un nom, une personnalité propre. À l’image de leurs créatrices, complémentaires mais différentes.
Rien ne prédestinait le tandem à se lancer dans la chaussure. “Je suis devenue logopède- orthophoniste et ma sœur institutrice, explique Daphné Debauve. Ensuite, j’ai fait de l’acupuncture pendant cinq ans, avant de me tourner vers la médecine traditionnelle chinoise. Par la suite, mon mari a trouvé un boulot sur New York et nous avons déménagé là-bas.”
Christelle Debauve, elle, est restée à Bruxelles, où elle travaille comme institutrice. Mais elle n’en est pas moins impliquée dans la petite entreprise. “On a toujours eu cette idée de lancer une activité ensemble, et l’idée des chaussures revenait souvent, raconte sa soeur. Quand Christelle et moi étions petites, ma mère nous achetait les mêmes habits, mais de différentes couleurs, et on se les échangeait toujours. On a une photo de classe sur laquelle on avait échangé nos chaussures, on a toujours trouvé ça drôle. Une fois, j’ai personnalisé les chaussures de mon fils, et ces chaussures ont eu un succès fou à l’école. Je me suis donc dit que ça pouvait être une idée à creuser.” Une idée qui s’est concrétisée à l’été 2015. Un an plus tard, elles vendaient leur première paire.
Le nom George & Georgette joue avec l’aspect “jumelles”, des soeurs qui vont bien ensemble mais qui ont chacune leur personnalité. “On voulait ce nom un peu vieillot pour des chaussures un peu modernes qui sortent du lot, explique Daphné Debauve. Notre grand-mère s’appelle Georgette, c’est un prénom qu’on a toujours bien aimé, qu’on a toujours trouvé assez rigolo.” Et d’ajouter: “George est wallon, Georgette est flamande, on ne pouvait pas passer à côté de cette bonne vieille dualité belge!”
Aujourd’hui, George&Georgette est exclusivement en ligne, une option financièrement plus avantageuse pour les deux jeunes entrepreneuses. Les clients, eux, sont principalement américains, les frais d’envoi de la marchandise pour l’Europe étant encore élevés. Pour la conception, les jumelles sont aidées par une styliste française expatriée à Bruxelles. “Nous, on dessine quelque chose de très sommaire. Après, une professionnelle met en dessin nos idées.”
Les produits sont destinés aux garçons et filles. “On a choisi les enfants, parce que c’est notre cible idéale, ils sont fun, ils osent, mais vu leur âge, ce sont bien sûr les parents qui choisissent en premier”.
Mais elles n’excluent pas l’idée d’une production destinée aux adultes. Surtout aux femmes, car les hommes “ne sont pas prêts”. Autre projet qui tient à cœur à ces deux Belges: engager du personnel. Mais pas n’importe lequel…“On a vraiment envie d’engager des sans-abri, confie la jeune chef d’entreprise. Dès le départ, on voulait trouver un projet qui avait du sens pour nous, qui allait au-delà du fait de vendre des chaussures sympa. Et la cause a été très facile à trouver, parce qu’on est toutes les deux très liées à la cause des sans-abris depuis toujours.”
Le projet ne s’est pas encore concrétisé, mais les choses pourraient aller très vite. En attendant, elles ne restent pas les bras croisés. Elles ont eu l’idée de lancer une boîte à chaussures que les clients peuvent remplir de nourriture et d’objets (cartes de métro, mouchoirs…) afin d’en faire don à un sans-abri.