« Vive la France ! » Telle a été la réaction des “anti-fracking” américains à la décision du Conseil constitutionnel français, au début du mois, de confirmer l’interdiction de l’exploration des gaz et pétroles de schiste.
« Les Français sont intelligents » et « en tant qu’Américain, je suis jaloux », peut-on lire en commentaire d’un article du Guardian. Tandis que la page Facebook de Stop Fracking California affiche le commentaire « Bravo France! », et qu’un utilisateur du forum Democratic Underground « souhaite que l’on puisse faire de même aux Etats-Unis avant qu’il soit trop tard pour notre environnement ».
A l’exception de la société texane à l’origine de la décision du Conseil constitutionnel (qui a déclaré au Monde que « c’était une folie »), les milieux d’affaires sont en revanche restés relativement silencieux.
L’Hexagone s’est distingué dès 2011 en devenant le premier pays au monde à interdire le recours à cette technique. C’était sur une proposition de loi UMP aujourd’hui ardemment défendue par la majorité socialiste alliée aux écologistes. Dans le même temps, la production de gaz et de pétrole domestique a explosé aux Etats-Unis grâce à la fracturation hydraulique. Le pays qui importait il y a quelques années jusqu’à 60% ses besoins en hydocarbures est désormais proche de l’autosuffisance énergétique. Certains prévoient même des conséquences géopolotiques, l’Amérique devenant subitement moins dépendante des pétro-monarchies du Golfe.
Et pourtant… L’exploitation du gaz et pétrole de schiste n’a pas que des supporters aux Etats-Unis. Un sondage récent montre même une légère majorité d’Américains opposés à la fracturation hydraulique. Les anti-fracking sont présents jusque dans le très pétrolier Texas. Les hydrocarbures ne représentant pas plus de 15 % de son PIB et l’Etat étant le leader américain en matière d’énergie éolienne (avec plus de 12 000 mégawatts annuels), ce n’est pas si étonnant que cela. Au printemps dernier, la ville de Dallas a interdit la fracturation hydraulique dans le périmètre de la municipalité, contrecarrant trois projets déjà bien lancés (comme en France, ils avaient déjà fait l’objet de permis).
Dans ce contexte, « nous nous sommes réjouis de la décision de la France », affirme par exemple Luke Metzger, le directeur de l’association Environment Texas. Même si le sentiment anti-français reste présent dans l’Amérique profonde, il estime que « la décision de la France ne peut pas faire de mal ».