En 2019, François-Xavier Rouxel imagine un jardin d’intérieur où les familles pourraient manger et cuisiner à partir de fruits et de légumes jardinés par l’intelligence artificielle. Cette année, les bacs de jardin Gardyn sont présents dans plus de 40.000 maisons américaines, une croissance qui a eu lieu en pleine crise du Covid.
« Les conteneurs qui avaient les premières ‘Gardyn’ sont partis de la Chine fin janvier 2020, trois jours avant la fermeture des frontières, et sont arrivés et ont été envoyés aux premiers clients en mars 2020, une semaine avant la fermeture des États-Unis », se rappelle François-Xavier Rouxel, qui ne s’est pas laissé abattre par la crise sanitaire et ses incertitudes.
Avec près de 120 employés en télétravail aux États-Unis, une équipe de designers à Grenoble, et une usine de production française en Chine, l’entrepreneur installé dans la région de Washington, à Bethesda, est fier de l’avancée « des Gardyns » comme il les appelle, qui visent à aider les consommateurs à manger mieux et plus sainement, tout en réduisant l’empreinte carbone de la production de fruits et de légumes.
Ancien élève de l’école des mines, François-Xavier Rouxel avait déjà fait quelques passages aux États-Unis pendant ses études, notamment en Californie et à l’Université du Michigan. Sa première expérience professionnelle à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) le plonge dans le monde des régulations. « On essayait de trouver des solutions pour qu’il y ait le moins d’impact possible sur l’environnement », se rappelle-t-il, liant cette expertise avec la mission de Gardyn aujourd’hui.
Sa vie professionnelle l’emmène à Marseille où il découvre deux choses qui vont être le ciment de son style de vie : le triathlon et les marchés fermiers. « On fait trois à quatre ironman par an donc la nutrition est primordiale ». Quand il regarde la manière dont nous consommons dans les pays occidentaux, il y voit une « aberration ».
Quand son épouse accepte un emploi à Washington pour l’Union européenne, il la suit et découvre les difficultés des Washingtoniens à acheter des fruits et des légumes peu onéreux et bons. Il est embauché à Capgemini dans l’industrie du cloud, mais commence à réfléchir à inventer une machine qui produirait des légumes chez lui grâce à l’intelligence artificielle qu’il maîtrise. Problème : il ne connaît rien aux plantes. « Une amie m’a alors conseillé de contacter l’université canadienne McGill et quand j’ai présenté le projet au département des plantes, ils ont accepté, ils sont devenus mes premiers partenaires », explique le Français.
S’en suivent des levées de fonds de grande ampleur avec 15 millions de dollars collectés en 2021 et puis 35 millions de dollars en 2022. L’entreprise en est déjà à sa troisième version, et les chiffres sont impressionnants : les « Gardyns » ont produit près de 900.000 kg de plantes sans pesticide, selon la société.
La mission de Gardyn ne s’arrête pas là, et François-Xavier Rouxel a de grands espoirs pour l’avenir de l’agriculture : « j’espère que notre invention va être un ‘game changer’ qui pousse à repenser notre manière de consommer ».