“Un voyage fou“. C’est ainsi que Gad Elmaleh décrit son aventure américaine, commencée il y a trois ans quand il a voulu donner un nouveau départ à sa carrière en s’installant à New York. “On sort complètement de sa zone de confort. Je suis passé de stades à guichets fermés à des comedy clubs de cent personnes qui ne vous connaissent pas“.
Depuis son arrivée aux Etats-Unis, le comique franco-marocain a joué dans le pays entier. Son stand-up en anglais, “American Dream”, est disponible sur Netflix et il prépare une série pour la plateforme de streaming. A-t-il réalisé son rêve américain ? “‘Réalisé’ est un grand mot, s’amuse-t-il. On en reparlera dans plusieurs années, quand je serai très vieux“.
“American Dream”, sorti le 6 mars, raconte son expérience américaine à travers des blagues originales en anglais et d’autres traduites du français. “Tout ce que j’ai écrit dans ma carrière est auto-biographique“, explique-t-il. Outre la traduction, l’exercice de restitution doit être adapté au public américain. “En France, il y a beaucoup de préparation, de gestuelle, de jeux de mots, de la musique et de la danse avec des blagues au milieu. Le stand-up américain est très sec. Les humoristes enchainent les blagues les unes après les autres. Les Américains adorent l’efficacité”. Refusant de sacrifier son style – “je suis qui je suis, je ne deviendrai jamais un comique américain” – Gad Elmaleh veut mélanger gestuelle française et efficacité américaine.
De ce côte-ci de l’Atlantique, il peut compter sur le soutien de Netflix. Outre son stand-ups, sa future série “Huge in France”, en cours de production, n’a pas encore de date de sortie. Cette série porte sur un comique qui abandonne sa célébrité en France pour se rapprocher de son fils adolescent qui habite à LA. “C’est l’histoire d’un père qui veut reprendre contact avec son fils, et connaît un choc culturel. Il joue le rôle de parent avec une ex, reprend la comédie et fait du dating – un dernier point qui est difficile pour moi aux US“, dit-il, semblant vexé.
L’histoire est bien entendu inspirée de sa propre vie, lui qui a un adolescent qui fait du mannequinat à Los Angeles. “Le plus difficile dans cette aventure, c’est que ma famille me manque, dit-il. L’interview est tout à coup interrompue par les cris de joie de son fils de 3 ans et de son cousin – l’humoriste est à un dîner de shabbat chez ses parents à Paris. Gad Elmaleh a peut-être beaucoup d’ambitions, mais sa famille est son talon d’achilles. “Je peux gérer Pittsburgh à minuit tout seul, mais quand mon fils me manque, je ne peux pas m’y faire quel que soit l’endroit. Même dans la ville la plus sexy et amusante, quand mon fils me manque, je me sens bête. Je suis son père et je ne suis pas là. Mais c’est la vie“.
Les New-Yorkais déçus de voir que “Huge in France” ne se déroulera pas à New York, ville adoptive de Gad Elmaleh, ne seront pas les seuls. “Je voulais tourner à New York car j’adore la ville (…) mais les auteurs m’ont dit: on comprend mais, rit-il, nous pensons que ça peut être plus drôle à LA“. Il n’a pas été convaincu tout de suite, mais ils l’ont fait changer d’avis en faisant valoir que Los Angeles était une ville bien moins européenne que New York et permettrait de renforcer le côté “choc culturel”.
Depuis son arrivée aux Etats-Unis, Gad Elmaleh joue, sur scène le rôle d’un outsider qui observe les us-et-coutumes américains. “Huge in France” y mettra un terme. “Mon prochain show ne sera pas sur ma venue de France. C’est fini“, déclare-t-il. Je suis un gars de France né au Maroc, mais je suis aussi un comique qui veut observer les choses et être drôle, dit-il. J’aimerais faire des blagues sur être père, la vie à New York, les relations, et ce qui se passe aux Etats-Unis sans utiliser la perspective d’un outsider. C’est le travail que je veux faire. Je veux aller de l’avant“.
Aurait-il envie de reprendre de zéro dans un autre pays ? Il rigole. “Ouais, je vais aller en Chine dans deux ans… Non ! Je veux voir jusqu’où ce projet américain peut m’amener“. Une chose est sûre: “Je veux me lancer des défis. Pas toujours en changeant de pays, mais peut-être en écrivant un autre série, un film, faire un Broadway show…“
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Oui, la perspective d’outsider était limite fatiguante à la fin du spectacle. Mon mari américain a trouvé son humour franchement moyen, style arriviste/parvenu.
Talon d’Achille 🙁