Fridge Art Fair, Spring/Break Art Show, Future Fair, Nada New York, The Other Art Fair… la liste des foires d’art qui ont lieu à New York en ce moment est vertigineuse. Les esthètes se préparent à vivre une orgie d’art, jusqu’à épuisement. Curateurs, galeristes, artistes et critiques préparent leur panoplies, délivrent leur « trucs et astuces » avec humour sur les réseaux, et s’apprêtent à dénicher de nouveaux talents, s’extasier devant une œuvre antique, être pris d’un syndrome de Stendhal face à une trouvaille ou rencontrer leurs pairs pour rêver des partenariats.
Tout un chacun peut s’improviser « connoisseur » et tenter cette grande aventure. Se concentrer sur deux des foires serait judicieux, peut-être les plus internationales d’entre elles : la Frieze et le Tefaf. S’armer d’un peu de patience, préparer sa visite en privilégiant la French Touch, se chausser confortablement mais ne pas négliger sa tenue vestimentaire qui devra contenir un élément visible, une veste bien coupé d’une couleur éclatante, un crop top en fourrure ou un chapeau asymétrique, qui permettra de se fondre dans la foule tout en étant inoubliable.
Commencer par la plus classique, The European Fine Art Fair, TETAF Organisée à Maastricht depuis 1988, cette foire s’exporte à New York pour la onzième fois cette année, au Park Avenue Armory du samedi 10 au mardi 13 mai. Marchands d’art et galeries y présentent des œuvres d’exception. L’ambiance est chic et sélect. Si vous avez une bonne culture et êtes un amateur avisé, vous pourrez reconnaître et acquérir (ou seulement admirer) une œuvre cotée ou des objets art-déco rares. Templon, Lefebvre, Chenel, Obadia… de nombreuses galeries françaises sont présentes. Ici, la galerie Mitterrand expose les sculptures animalières de Claude et François-Xavier Lalanne, quelques pas plus loin la galerie Templon fait un sans faute (sans risque ?) avec une exposition de groupe réunissant des artistes très bankable du moment : Will Cotton, Alioune Diagne, Hans Op de Beeck, François Rouan, Chiharu Shiota, Kehinde Wiley.
Les charmes de la Tetaf s’étendent au delà des problématiques de marché par le biais des différents talks proposés durant la semaine. Les invités chevronnés se succèdent lors de discussions sur des thématiques comme la collection ou l’expertise. Parmi les discussions programmées, le public aura la chance de voir évoquer, le samedi 10 mai à 1pm, le cas complexe de la conservation d’un Livre d’Heures Noir appartenant à la collection de l’ Hispanic Society Museum & Library, en présence, entre autres, du président de cette dernière, le Français Guillaume Kientz.
Autre foire, autre ambiance, la Frieze est, elle, définitivement tournée vers l’art actuel. Elle s’affirme « The Best and Brightest », pas moins. Créée à Londres en 2012, elle se déploie dans la foulée à New York puis, plus récemment, à Los Angeles et à Séoul. Ari Zev Emanuel, le patron charismatique d’Endeavor, ne s’y est pas trompé en rachetant, il y a seulement quelques jours, l’ensemble des foires qu’elle produit pour, selon le Financial Time, 200 millions de dollars. L’édition 2025 de la Frieze investit le bâtiment The Shed, à Chelsea, du mercredi 7 au dimanche 11 mai. 65 des plus grandes galeries d’art contemporain, originaires de 25 pays du monde entier, y exposent l’art en mouvement. Valeurs sûres comme figures émergentes, les artistes qui comptent seront présents à ce rendez-vous incontournable de l’art. Vous pourrez-donc, si vous avez un peu de flair et si vous vous laissez entraîner dans des contrées artistiques encore vierges, découvrir les talents de demain. Particulièrement en explorant la sélection Focus dédiée aux jeunes galeries et aux artistes émergeants.
La France affirme, cette année, une présence solide, avec d’une part des galeries tournées vers une programmation expérimentale comme la très suivie Sultana (Parisienne et Arlesienne) et d’autre part des galeries très établies, à l’exemple de la galerie Perrotin qui, pour l’occasion, présente ce qui sera sans aucun doute l’un des événements de la foire : un solo show de Claire Tabouret. L’artiste, née en France et basée à Los Angeles, présente une série de peintures inspirées par ses expériences personnelles. Les portraits peints dans une palette de violets et de verts véhiculent une nostalgie énigmatique propre à l’ensemble de ses œuvres, qui fait son succès. Les thématiques de la mémoire, du sommeil, de l’introspection traversent ces nouvelles images représentant les proches de la peintre qui, à 44 ans a déjà une carrière internationale. Parmi les projets à forte notoriété qu’on lui a confiés, Le Pavillon du Vatican à Venise en 2024 et la conception des vitraux contemporains de Notre-Dame de Paris, qu’elle est en train de réaliser avec l’atelier de maîtres-verriers Simon-Marq.
« Frieze New York 2025 », The Shed, 545 West 30th Street. Jusqu’au dimanche 11 mai.
« Tefaf New York Art Fair 2025 », The Park Avenue Armory, 643 Park avenue. Jusqu’au mardi 13 mai.