D’une mer à l’océan. L’armateur marseillais CMA-CGM, qui règne déjà sur la Méditerranée, entend désormais se développer sérieusement sur la côte Atlantique. Après avoir acheté les terminaux de New York et de Bayonne (New Jersey) l’an dernier, l’entreprise française va y investir de grosses sommes pour en accroître les capacités : 600 millions de dollars durant la prochaine décennie, avec un millier d’emplois à la clé.
« Les États-Unis sont une priorité pour notre groupe, a rappelé le mois dernier le PDG, Rodolphe Saadé, à l’occasion d’une conférence de presse à New York. Il s’agit du plus gros marché pour CMA CGM. » Les deux terminaux, désormais dans le giron de l’entreprise, ont été rebaptisés Port Liberty. Ils viennent concrétiser l’ambition de CMA CGM de ce côté-ci de l’Atlantique, qui parle de la plus grande passerelle multi-utilisateurs de la côte Est pour la supply-chain américaine.
Pour assurer ces ambitions, l’entreprise désire notamment automatiser ces terminaux pour être en mesure d’accueillir des volumes plus importants de marchandises. Ce qui pourrait faire bondir leur capacité de 80% et surtout permettre d’accueillir les immenses porte-conteneurs de l’armateur, jusqu’ici trop gros pour les ports américains. Les investissements concerneront également la modernisation des liaisons avec les infrastructures routières et ferroviaires.
Une incursion vue comme une bonne nouvelle par les autorités du pays, également heureuses de constater que ces investissements vont aller de pair avec la création de nombreux nouveaux emplois (autour d’un millier). « Depuis près de 40 ans, le groupe bénéficie d’un engagement de longue date dans l’économie américaine et d’une forte présence grâce à son portefeuille de terminaux portuaires et ses relations commerciales avec ses clients américains », a poursuivi Rodolphe Saadé.
Le portefeuille américain de CMA CGM comprend en effet désormais sept terminaux, renforçant ainsi ses capacités de production au sein du pays et diversifiant ses ports d’accès. Avec un siège établi à Norfolk pour le continent nord-américain et 16.000 employés, CMA CGM est également présent à Los Angeles (Californie), où le groupe contrôle 100% de Fenix Maritime Services, en Alaska (100% de Dutch Harbor), mais aussi à Miami (26% de SFCT) et Houston (26% de Bayport).
Ces volontés d’expansion entendent toutefois respecter l’ambition de neutralité carbone. « Ces efforts participent à l’objectif que s’est fixé CMA CGM de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et d’être Net Zéro d’ici 2050 », a expliqué Rodolphe Saadé, alors que les initiatives pour un transport maritime plus propre se multiplient. Une direction que souhaite prendre la CMA CGM, en développant notamment le transport au gaz naturel ou encore au méthane.
CMA CGM est devenu ces dernières années l’un des armateurs principaux du commerce mondial. Le groupe avait dégagé 24,9 milliards de dollars de bénéfices en 2022. Une partie a été réinvestie dans des acquisitions. Le reste servira à amortir le ralentissement attendu du fret maritime. L’entreprise française ne s’interdit également pas de se porter acquéreur d’un dernier port aux États-Unis, sur la côte Ouest.