“Quelqu’un m’a dit que j’aurais dû appeler ce livre French Women don’t get fired. Le problème est qu’elles aussi se font licencier”, écrit Mireille Giuliano dans le préambule de son nouveau livre Women, Work and the Art of Savoir Faire. Elle ne prétend donc pas délivrer la recette infaillible anti-licenciement ni celle pour obtenir le «corner office », le bureau en angle (souvent avec porte et fenêtre, le graal professionel ultime pour les Américains). Ni professeure d’économie, ni coach, ni gourou, elle se définit comme un « pelerin » qui explore le champ du « lifestyle équilibré » entre carrière et vie personnelle.
Elle ne manque pas de légitimité en la matière. Comme PDG de la Veuve Clicquot, elle a converti les Américains aux petites bulles. Mireille raconte comment, jeune directrice marketing de la marque, elle est devenue la voix de la Veuve sur les ondes américaines (les acteurs professionels engagés pour enregistrer les spots radio n’avaient pas l’accent français approprié). C’est elle qui a l’idée aussi de capitaliser sur la couleur jaune d’oeuf de l’étiquette des bouteilles et d’organiser des “yelloween parties” à travers le pays (la saison pour les ventes de champagne commence le 31 Octobre aux Etats-Unis).
Comme auteure, elle a vendu des millions d’exemplaires de son livre French Women Don’t Get Fat et le titre ne cesse d’être repris (encore récemment Japanese Women Don’t Get Wrinkles; Les Japonaises ne prennent pas de rides)
Pour la vie personnelle, elle est mariée avec Edward Giuliano, un Américain aux origines italiennes qu’elle a suivi à New York il y a 30 ans. Aucun doute, Mireille a trouvé le secret du « happy lifestyle ».
Dans un style pétillant donc, elle alterne épisodes biographiques et conseils pratiques. La Française prendra de la graine pour «devenir sa propre marque ». L’ Américaine trouvera aussi des conseils utiles, notamment dans les faux pas en matière de style. “Privilégiez la qualité sur la quantité [dans la garde-robe]. Less is more (pas dans le sens de montrer sa peau mais dans la tenue).”
Autre conseil, celui d’envoyer ses vêtements par FedEx lors d’un voyage d’affaires. « Parfois, j’ai besoin d’une robe ou de chaussures qui ne tiennent pas dans mon sac en cabine. Pour la tranquilité d’esprit et voyager léger, je les envoie par FedEx à ma destination. Vous me direz que c’est cher : pas tant que ça compte tenu du prix qu’on paie pour les bagages supplémentaires. »
Mireille fait la part belle à l’alimentation comme point essentiel du “happy lifestyle”. Elle utilise d’ailleurs une image culinaire pour décrire son nouveau livre : « J’ai réuni des idées de décennies d’expérience et les ai intégrées dans une ratatouille faite pour la première fois avec un ingrédient très spécial. J’espère que vous aimez la ratatouille ». On adore!
Pour French Morning, elle revient sur les différences entre la France et les Etats-Unis dans les affaires :
Dans le livre, vous parlez beaucoup de management interculturel
Chaque pays a ses points de repère et il faut les respecter. Cela peut-être dans les petites choses comme de donner sa carte de visite. Il y a des pays où l’on vous la donne avec un salut. Etre conscient des différences est parfois ce qui manque aux Français qui viennent aux Etats-Unis. Cela ne veut pas dire qu’il faut perdre sa façon d’être.
Vous dites que l’accent français vous a aidé dans votre carrière…
La France est aimée, adulée, enviée.
Quels sont vos conseils pour les Français qui veulent venir travailler à New York ?
Cela est difficile, surtout maintenant. Je dirais qu’il faut aimer travailler en équipe. Les Français ont plus tendance à être individualistes. Dans l’ensemble, on est plus flexible aux Etats-Unis, plus ouvert à prendre des risques. La mobilité entre les départements est plus facile. Par exemple, certains des commerciaux de mon équipe [à la Veuve Clicquot] sont passés dans le département marketing. En France, cela est plus difficile à accomplir. Donc il y a toujours des opportunités aux Etats-Unis mais il faut plus que jamais savoir convaincre.
Quelles sont les différences pour les femmes ?
L’ Américaine a davantage une feuille de route que la Française. Sa carrière est plus planifiée. Mais tout change très vite : quand je suis arrivée aux Etats-Unis, l’attitude des femmes était très féministe. Elles se sont calmées. Je note qu’avec la crise économique, beaucoup de femmes qui s’étaient arrêtées de travailler reviennent au travail. Comme a dit Barack Obama dans l’un de ses discours «Ce sont les femmes qui font vibrer l’économie».
Quid des histoires de “romances” sur le lieu de travail?
Jusqu’à présent, j’avais tendance à dire que c’était plus répandu en France mais quand on voit l’actualité, on se demande.
Votre nouveau livre a déjà été vendu à une dizaine de pays. Comment l’adaptez-vous pour les différents pays ?
Il y a suffisamment d’exemples dans toutes les cultures pour pouvoir l’adapter. Pour la version française, à la place du film Working Girl avec Melanie Griffith, je citerai le film L’Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol dans lequel Isabelle Hupert joue le rôle d’une femme juge.
Women, Work & the Art of Savoir Faire: Business Sense & Sensibility
de Mireille Guiliano; Atria, $24.99, sortie 13 Octobre
A l’occasion de la sortie de son livre, Mireille Guiliano invite toutes celles qui souhaitent écouter ses expériences et recevoir ses conseils, au Fiaf le 13 octobre à 7pm.
FIAF 22 East 60th Street, entre Park et Madison Avenue, NY.