“A sort of dating buffet for New York single women”: la définition (du New York Observer, il y a déjà deux ans) dit tout de la réputation, désormais solidemment installée, des French Tuesdays. En plein scandale du gouverneur Eliott Spitzer (démissionnaire pour cause de fréquentation de prostituées), qui le New York Sun va-t-il voir pour savoir “ce que feraient les Français face à un cas pareil?” Pierre Battu, bien sûr. Le co-fondateur des French Tuesdays, avec Gilles Amsalem, est devenu l’expert incontournable en charme français, vu par les New Yorkais. Sourires en coin et sous-entendus grivois accompagnent tous les articles que les journaux new-yorkais ont consacré au succès des French Tuesdays. Le talent de Battu et Amsalem aura été de transformer cette réputation française en business. Un business florissant, qui fête ce mardi ses 5 ans.
On était, printemps 2003, en pleine brouille franco-américaine, pour cause de guerre d’Irak. Associés dans une affaire d’importation de textiles français aux Etats-Unis, les deux compères, et une poignée d’autres fêtards français, organisent une soirée, puis deux puis trois. En quelques mois, le rendez-vous devient régulier. Les French Tuesdays sont nés.
Cinq ans plus tard, Pierre Battu et Gilles Amsallem ont quitté le textile et sont à la tête d’une entreprises d’une douzaine de salariés, avec un chiffre d’affaires de 1,7 millions de dollars. Les soirées French Tuesdays qui existent désormais dans 4 villes (New York, Miami, Los Angeles et San Francisco) sont toujours le porte-drapeau, mais ne représentent plus que 40 % de l’activité, le reste provenant de l’organisation d’évènements, le plus souvent pour le compte d’entreprises ou d’organismes français.
Adieu Laurent Perrier, bonjour Moët
Et si l’image française, “francophile” préfère dire Pierre Battu, fait toujours la différence, les membres de French Tuesdays se répartissent à égalité entre Français, Américains et “autres”, à raison d’un tiers chacun. C’est cette diversité, alliée à l’exclusivité d’un club “members only” qui séduit les sponsors qui font vivre l’entreprise. Longtemps alliés aux champagnes Laurent Perrier, les French Tuesdays viennent de passer à la concurrence en s’alliant à Moët Hennessy. “Leur taille et surtout le fait qu’ils aient un portefeuille de produits diversifié était plus intéressant pour nous” explique Pierre Battu. Si les soirées French Tuesdays se distinguent par une très forte consommation de champagne (environ 70 % des boissons bues dans la soirée sont du champagne), il reste des réfractaires, désormais servis par les marques de vodka et autres whiskies que détient aussi Moët.
Pour leurs 5 ans, les French Tuesdays sont pour la première fois au Buddha Bar, dans le Meatpacking district. La soirée devrait accueillir environ 3500 personnes, signe, note Pierre Battu, “qu’après cinq ans, on n’a pas encore lassé les gens. Nous sommes encore en progression!”. En attendant, sans doute l’an prochain, l’ouverture de French Tuesdays à Chicago, Battu et Amsallem préparent leur prochain bébé: un site internet “communautaire”, réservé aux 9 000 membres des French Tuesdays (et à leurs “amis”) où l’on pourra “prolonger l’expérience des soirées, les rencontres qu’on y a fait, les découvertes musicales, etc.”. Lancement prévu le 30 avril.