Laura Mimoun vit en Angleterre depuis une dizaine d’années. Au travers de Kaleido, la sandwicherie qu’elle a créée avec son mari, elle nous apprend à regarder et à manger une salade comme on le ferait avec un sandwich. C’est le concept. Et il marche bien.
Pour plusieurs raisons qui tiennent à la personnalité propre de Laura Mimoun – elle évoque elle-même sa grande ambition-, mais aussi parce-que cette femme de 35 ans vit véritablement avec son temps. Jusqu’à en épouser tous les codes : de langage (elle se fixe des targets, évoque les salary gaps qui, le cas échéant, peuvent être rectifiés par des monthly bonus…), elle pique donc au monde actuel sa manière de vivre mais aussi de s’alimenter. Elle s’est ainsi engouffrée avec beaucoup d’à-propos dans le très actuel créneau de la « bouffe saine ».
Mais résumer sa potentielle réussite à cette seule vision serait réducteur. Car tout, dans la carrière de Laura, indique qu’elle est avant tout une grande bosseuse. Son passé comme directrice de produit dans de grosses boîtes internationales, son obsession de ne jamais se contenter de ce qui a déjà été fait. L’ouverture d’un point de vente n’est pas une fin en soi, mais simplement le prélude à l’ouverture d’un autre point de vente. En fait il s’agit d’un Business Model « agile » (code de langage 2022).
Mais derrière l’entrepreneuse enthousiaste et ambitieuse se cache aussi une autre jeune femme, plus paradoxale. Est-il vraiment possible, comme elle le souhaiterait, qu’elle ne connaisse que des succès, mais que, néanmoins, tout le monde l’aime. Est-il possible aussi, comme elle le souhaiterait également, que jamais, dans son entreprise, le business ne prenne le pas sur le social ?
À ces interrogations, Laura Mimoun a pour l’instant, répondu oui. Trois ans après l’ouverture du premier point de vente, au cœur du gigantesque Selfridges de Oxford Street, quatre autres petites boutiques sont nées, dans des lieux qu’elle a elle-même choisis, et qui, tous, racontent un morceau de l’histoire de Londres.
Laura Mimoun, sans s’en servir immédiatement, avait gardé dans un coin de sa tête un slogan appris à l’EM Lyon : « devenez des entrepreneurs of the world ». Le monde part de Londres. Où s’arrêtera-t-il ? Personne ne le sait. Mais une fois que l’on a acquis l’expérience que « les high peuvent être très high ; et que les low peuvent être très low », on démarre pas mal dans l’entrepreneuriat.
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